L'Arcep sur la touche, après la rencontre entre les ministres et les opérateurs mobiles
La réunion matinale de deux ministres et des patrons des quatre opérateurs mobiles français aboutit à une pauvre volonté de travailler à un nouveau modèle économique créateur d'emplois et d'investissements. L'Arcep disparaît derrière le CSF STIC, un comité qui doit faire la synthèse des enjeux de la filière télécoms.
Le mardi 17 Juillet, dès 8 H 30, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, et Fleur Pellerin, ministre déléguée en charge de l'économie numérique, ont reçu les patrons des télécoms mobiles françaises, Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues maison mère de Bouygues Télécom, et Stéphane Richard, PDG de France Télécom en tête.
Pour l'heure, la montagne accouche d'une souris. Les deux ministres annoncent que le Gouvernement travaille à un nouveau modèle économique créateur d'emplois et d'investissements pour le secteur des télécoms. La belle affaire.
La rencontre fait suite à un échange entre les ministres et les représentants des personnels de Bouygues Télécom et de SFR en fin de semaine dernière et les syndicats représentatifs de la filière. Les plans de départs annoncés par les deux opérateurs onnt créé un climat de fébrilité et d'affolement dans le secteur des télécoms.
Le Président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani, avait voulu remettre les pendules à l'heure devant les députés de la commission des affaires économiques, le mercredi 11 Juillet. Il pointait certains prestataires de centres d'appels, et implicitement leurs donneurs d'ordre les opérateurs mobiles, comme s'employant à mettre sur le dos de Free Mobile le fait de réduire leurs effectifs.
Ceci dit, selon les deux ministres, la réunion du matin du 17 Juillet a permis d'évoquer "la situation économique et sociale difficile du secteur des télécoms". Ils estiment avoir rappelé leur volonté de voir ce secteur renouer avec la création d'emplois, l'investissement, l'innovation el'aménagement des territoires.
Comment se sont déroulées les deux heures de réunion ?
« Un échange s'est engagé et chaque opérateur a pu faire part de ses propositions et de ses attentes dans un climat constructif, » affirment les deux ministres. L'échange a eu lieu, notamment dans le but « de faire abandonner les plans de destruction d'emplois chez les opérateurs et leurs sous-traitants » affirme le communiqué du ministère du redressement productif.
Les deux ministres indiquent qu' « une phase de concertation s'engage désormais. » Cette concertation doit aboutir « à l'adoption par le Gouvernement d'un train de mesures favorables à l'emploi et l'investissement ».
Pour Arnaud Montebourg, « cette concertation associera dès les premiers jours les associations de consommateurs ainsi que l'autorité de régulation, l'Arcep. »
Cela ne manque pas de piquant puisque l'Arcep ne participait pas à la rencontre et que le ministre avait récemment indiqué qu'il ne comprenait pas qu'une autorité de régulation indépendante soit en charge de questions qu'il considère comme éminemment politiques. Ce que ne lui conteste d'ailleurs pas, Jean Ludovic Silicani qui lui propose que l'Arcep se concentre sur les questions technico-économiques.
Mais face à l'Arcep, Arnaud Montebourg sort de sa manche le Comité stratégique de filière "services et technologies de l'information et de la communication", le CSF STIC, issu de la conférence nationale de l'industrie (CNI).
Ce comité sera saisi d'un document de synthèse afin que se poursuive la concertation dans un cadre associant l'ensemble de la filière : opérateurs, sous-traitants et partenaires sociaux. Affaire à suivre.