L'Allemagne veut la fibre partout d'ici 2025
Le gouvernement allemand a adopté sa «Stratégie numérique 2025», le prochain grand projet de réforme pays, a rapporté le Süddeutsche Zeitung . C'est ce qu'a confirmé le n°2 du gouvernement, Sigmar Gabriel (SPD) en ouverture du salon CeBIT à Hanovre il y a une semaine.
Le gouvernement fédéral indique dans ses dernières déclaration vouloir rendre plus largement disponibles les connexions 50 mégabits. "D'ici à 2025, le réseau de fibre optique devra même proposer du 1 gigabit partout," a résumé le Secrétaire d'Etat Matthias Machnig » c'est notre priorité ». La France on le sait s'est fixé pour objectif de déployer la fibre optique partout d'ici 2022.
Sigmar Gabriel a précisé que le plan visait surtout les zones faiblement peuplées, « mais là, pour que cela fonctionne, vous ne pouvez pas compter sur le secteur privé qui va agir dans les régions métropolitaines. Sigmar Gabriel lance donc un investissement d'Etat de 10 milliards d'euros. L'argent viendra en partie, de la prochaine vente aux enchères de fréquences mobiles.
La pression des acteurs économiques est forte pour que l'Allemagne déploie un réseau très haut débit, dans toutes les zones économiques possibles. Les autorités allemandes ont déclaré à plusieurs reprises que l'avenir du pays réside dans son innovation et sa digitalisation, dans la pratique c'est loin d'être évident. Et il est difficile, même dans le centre de la capitale fédérale d'obtenir un raccordement au réseau.
Faiblesse allemande
Actuellement, 15 % des entreprises allemandes ont un accès à internet avec un débit supérieur à 50 mégaoctets par seconde, contre 21 % aux États-Unis ou 53 % en Corée du Sud. La connexion par fibre optique n'est disponible que pour 7 % des foyers allemands.
Pour Matthias Machnig, la fibre optique est un élément mais pas le seul, dans le développement numérique du pays. Il souhaite plus de créations d'entreprises dans le numérique. De plus, les fonds de capital-risque représentent 3 milliards d'euros en Allemagne, alors qu'ils s'élèvent à 100 milliards d'euros aux États-Unis, dont 30 milliards d'euros pour la Silicon Valley. Cependant, la somme des fonds de capital-risque allemands connaît actuellement une phase de croissance. Les investissements et les innovations seront davantage soutenus, notamment ceux des petites et moyennes entreprises (PME) allemandes, qui feront partie de l'économie post-transition.
Un climat favorable
Peu d'entreprises allemandes dans l'économie numérique ont aujourd'hui un rang mondial. La transition numérique sera d'autant plus rapide que les créations d'entreprises intégrant le numérique seront nombreuses. Les carrières dans l'entreprenariat seront donc encouragées et pour cela, la culture américaine de l'entreprise dite "école de la seconde chance" pourra être une source d'inspiration.
Matthias Machnig a également rappelé que la sécurisation des données constituait un enjeu important. Selon l'Association allemande des technologies numériques (Bitkom), une entreprise allemande sur trois a été victime de cybercriminalité entre 2014 et 2016. Une bonne sécurisation des données permet d'instaurer un climat de confiance et de favoriser les investissements des nouvelles entreprises dans la numérisation.
Enfin, Matthias Machnig préconise de changer la structure institutionnelle de la thématique de la transition numérique. Au sein des pouvoirs publics, les entités actives sur ce sujet sont nombreuses et les responsabilités ne sont parfois pas réparties de façon claire entre les différents acteurs. Il appelle donc à une réorganisation de ce système, par une mise en commun des compétences et une harmonisation des missions.
En photo : Sigmar Gabriel, à gauche, ministre de l'économie, et son secrétaire d'Etat, Matthias Machning qui pilotent le plan numérique allemand.