L'adaptation de France Télécom à son environnement demeure incertaine
A l'horizon 2015, Stéphane Richard ambitionne d'avoir atteint 300 millions de clients et entend renforcer la culture d'entreprise en recrutant 10 000 personnes. Mais l'opérateur apparaît mal armé pour se développer comme le prévoit son directeur général.
(Source EuroTMT) Debout sur une petite estrade, quelques fiches à la main, Stéphane Richard, le directeur général de France Télécom, a, durant une heure, brillamment exposé le plan « Conquêtes 2015 », lundi 5 juillet.
Si le nouveau plan stratégique de France Télécom fut très attendu entre le moment où le nouvel homme fort de l'opérateur historique annonça son intention de lancer un nouveau projet d'entreprise, l'hiver dernier, et la fin de la semaine dernière, lorsque la lecture de la presse quotidienne de lundi, notamment du Parisien/Aujourd'hui qui publiait une longue interview de Stéphane Richard, avait largement dévoilé le contenu de ce plan.
Et pour une bonne partie, sinon la quasi-totalité, la conférence de presse du directeur général ne fut donc qu'une relecture, certes brillante mais aussi en partie inutile, de l'interview. En fait, Stéphane Richard avait réservé une petite surprise pour ceux qui auraient cru pouvoir se passer de la conférence de presse pour se contenter de la lecture de la presse.
Si les confrères avaient eu droit à l'exclusivité du nouvel objectif commercial fixé pour 2015 qui était d'atteindre 300 millions de clients, l'autre information, certainement plus signifiante pour le corps social de France Télécom, avait été tenue secrète, le volet social du plan va générer un coût financier de 900 millions d'euros entre 2010 et 2012.
Pour tourner définitivement la page des heures noires marquées par la vague de suicides, Stéphane Richard a en effet décidé d'inverser en totalité les priorités de la politique de ressources humaines mise en oeuvre chez l'opérateur depuis le début de la décennie.
Alors que la décennie 2000 avait été marquée par une politique de décroissance des effectifs en France, un faible niveau de recrutement, et des relations hiérarchiques brutales, le directeur général de France Télécom a annoncé un objectif ambitieux de recrutement pour rajeunir un effectif, dont la moyenne d'âge est supérieure à 47 ans. L'opérateur va recruter quelque 10 000 personnes d'ici à 2012, permettant de poursuivre l'objectif de stabilisation des effectifs France promis pour 2010.
Ce changement de politique s'est aussi traduit par la prise en compte de la participation des salariés à la définition du plan stratégique et à la présentation dudit plan aux salariés ...
Illustration : Stéphane Richard, Directeur Général France Telecom (D.R.)
(Source EuroTMT)...lors de visioconférences internes. Autre symbole, Stéphane Richard a indiqué qu'il souhaitait que le pourcentage de femmes occupant des postes au sein du comité exécutif du groupe soit le même que le pourcentage de salariées féminines dans le groupe, soit 35%. Cela devrait se traduire par l'intégration de deux ou trois nouvelles têtes.
Sans cacher que le changement de culture d'entreprise prendrait du temps, d'où un plan à cinq ans et non à trois, comme c'était auparavant le cas, Stéphane Richard a, logiquement, demandé à être jugé, sur ce volet, dans la durée.
Sur les trois autres volets du plan, les clients, les réseaux et l'international, le discours de Stéphane Richard fut bien moins convaincant. Certes, France Télécom doit augmenter d'un tiers le nombre de ses clients d'ici à 2015 en développant ses activités en Afrique et au Moyen-Orient, mais la capacité réelle de croissance, même externe, de l'opérateur semble limitée.
Mis à part des « petites » acquisitions dans quelques pays, il ne semble pas que l'opérateur ait les moyens de réaliser un gros coup. D'autant que France Télécom a réaffirmé que ses « guidances » n'étaient pas modifiées, limitant donc sa marge de manoeuvre financière.
D'autre part, si Stéphane Richard a rappelé l'importance des réseaux dans la révolution numérique, il n'a rien annoncé de nouveau. Expliquant cet état de fait d'une phrase : « nous sommes allés aussi loin [en matière de très haut débit, ndlr] que ce que nous permettait la réglementation. »
Enfin, en matière de contenus, Stéphane Richard a aussi pris le contre-pied de son prédécesseur en annonçant vouloir se contenter de la conclusion de partenariats, et mettant en vente, au moins partiellement, ses deux chaînes Orange Sports et Orange Ciné TV. Le grand projet mobilisateur promis se résume donc à un nécessaire changement de cap social, mais l'adaptation de France Télécom à l'évolution de son environnement demeure, elle, incertaine.