Juniper Networks simule pour mieux vendre
Juniper Networks a installé à Amsterdam son centre d'essai destiné à valider les réseaux de ses prospects par la simulation. Le plus gros contrat MPLS de 2007 en France a été maquetté là. Il s'agit du réseau Renar qui interconnectera les 400 sites des aéroports et des stations radars.

A deux pas de l'aéroport de Schiphol, près d'Amsterdam, c'est là que Juniper Networks, le rival de Cisco Systems sur les réseaux de données, et de convergence, a établi sa plate-forme technique de tests pour l'Europe. Elle est destinée à valider les réseaux de ses prospects par le biais de maquettes les plus réalistes possibles, qu'il s'agisse d'opérateurs ou, de plus en plus fréquemment, d'entreprises. « Nous réalisons des simulations pour nos clients, en essayant d'être le plus proche possible de ce qu'ils font, de leurs applications car c'est ce qu'ils demandent, en particulier pour les entreprises, leur préoccupation principale concerne la qualité de service, présente Christophe Macquart, un français responsable du laboratoire POC (Proof of concept), et qui encadre une équipe de quatre ingénieurs. Le plus gros contrat MPLS signé en 2007 Les prospects se succèdent sur le site, chaque semaine. C'est ici, qu'il y a un an environ, a été validée la plate-forme de télécommunication au standard MPLS retenue pour le projet Renar en France, de mise en réseau des aéroports et des stations radar. Un réseau critique aux niveaux de service exigeants. Il s'agit du plus gros contrat MPLS signé en 2007 selon l'intégrateur NextiraOne, qui a décroché l'affaire. Le budget rien que pour les équipements et les services, hors le trafic sur les liens opérateurs, s'élève à plusieurs dizaines de millions d'euros. Le déploiement sur 400 sites se déroulera sur trois ans. Cent cinquante boîtiers actifs mis en vitrine Côté équipements, le laboratoire POC réunit 50 racks dans une même salle, alimentée par une puissance électrique de 600 KVa. « Les clients commencent à nous parler du coût énergétique par paquet IP transporté, relève Christophe Macquart. Dans la salle machine, 150 boîtiers actifs sont installés dont des routeurs, des pare-feux-VPN, des IPS (Intrusion Prevention System), et des systèmes d'accélération du trafic, de toute capacité, y compris les systèmes les plus puissants de Juniper Networks comme le TX-Matrix ou le T1600, un routeur de coeur de réseau multi terabits, taillé pour les services vidéo des opérateurs. Si l'ensemble est présenté derrière une vitrine lorsqu'on pénètre dans le bâtiment, les équipements sont reconfigurés selon les besoins des clients. Photo : salle machine du laboratoire POC (Proof of concept) de Juniper Networks à Amsterdam. Objectif de deux tests de coeur de réseaux simultanés « Les opérateurs se concentrent sur une partie du réseau, tandis que les entreprises sont plus sensibles à simuler tous les utilisateurs finaux, précise le responsable. En moyenne, la préparation d'une simulation pour une entreprise prend de deux à trois jours, puis le temps passé sur le laboratoire sera de la même durée. Les opérateurs ont alors tendance à passer un peu plus de temps sur le site, de quatre à cinq jours. L'objectif du laboratoire est de pouvoir réaliser deux tests de coeurs de réseaux simultanés, c'est-à-dire mobilisant des routeurs T-Series puissants. Actuellement, il est possible de réaliser trois tests « normaux » (sans T-series) simultanément, tout en préparant deux autres maquettes en parallèle. Le test le plus lourd réalisé jusqu'à présent a réuni 36 routeurs (gammes T et M). Il restait alors suffisamment de capacité pour réaliser deux tests de moyenne importance. Des générateurs de trafic IP « Nous testons des réseaux avec de nombreux utilisateurs, plusieurs milliers, ce qui nous amène à exploiter des équipements automatiques de génération de trafic plutôt que des applications réelles, par exemple, lorsqu'il s'agit de simuler du trafic Citrix. Nous utilisons des générateurs de trafic, en tête ceux de Agilent et de Spirent, ainsi que ceux de l'irlandais Shenick Network Systems, ajoute-t-il. Les deux premiers fournisseurs viennent de la génération de paquets tandis que le dernier vient du monde de l'applicatif, mais « ils convergent tous en fait actuellement, précise le responsable, le plus gros trafic généré jusqu'alors a été de 3,2 milliards de paquets par seconde ». Avec la montée en puissance de la téléphonie sur IP, deux PABX IP d'Avaya qui viennent d'être achetés vont être raccordés à la plate-forme afin d'être opérationnels dans les six mois qui viennent. « Nous réalisons déjà des tests de convergence de voix sur IP en utilisant des paquets IP transportant la voix. Avec ces IPBX nous pourrons simuler l'ensemble des modes de communication en ToIP de façon générique, indique Christophe Macquart. Difficulté d'acquérir des produits concurrents Les IPBX permettent de tester l'intéropérabilité des réseaux. C'est une préoccupation constante sur la plate-forme, où en revanche, aucun test comparatif de produits n'est réalisé. Seul souci, la démarche d'intéropérabilité réclame de posséder les équipements de ses concurrents. « Ce n'est pas simple, car il faut acheter les produits - il n'existe pas d'échange réciproque dans ce domaine - mais, de plus il arrive que le concurrent en question refuse de vendre, ce qui ne simplifie pas la tâche, sourit le patron du laboratoire POC.