Juniper livre un contrôleur SDN avec une version Open Source
Juniper a commencé à livrer son contrôleur SDN. L'équipementier propose également une version Open Source de son contrôleur, une manière de dire qu'il n'a pas l'intention de développer autour de la technologie SDN OpenDaylight sur laquelle travaille le consortium du même nom.
Après le rachat de la start-up Contrail en décembre dernier, Juniper Networks a annoncé la disponibilité simultanée des versions commerciale et Open Source de son contrôleur SDN (Software Defined Network), respectivement nommés Contrail et OpenContrail. Les deux produits sont fondés sur une même base de code et offrent les mêmes fonctionnalités pour créer un réseau virtuel - un contrôleur SDN, un routeur virtuel, et un moteur d'analyse. Seule différence entre les deux: les clients de la version payante bénéficient d'un service et d'un support technique. « Juniper mettra à jour la version Open Source de Contrail », a expliqué Bob Muglia, vice-président exécutif de la division Solutions Logicielles de Juniper. Même si « les clients ont demandé les deux versions de Contrail », celui-ci pense que la plupart d'entre eux opteront pour la version commerciale, Juniper Networks Contrail. « Quand j'étais chez Microsoft, on me reprochait de ne pas m'investir davantage dans les projets Open Source », a confié Bob Muglia, lui-même ancien président de la division Software And Tools Business (STB) de Microsoft. « Même si l'on pense que ceux-ci ne sont pas important pour son propre usage ».
Manifestement, l'usage du code Open Source du SDN OpenDaylight n'est plus une priorité pour Juniper après le rachat et l'intégration de la technologie Contrail, même si l'équipementier est un membre de premier rang - Platinum - du projet et l'un de ses principaux soutiens financiers. Le consortium OpenDaylight a été créé en avril 2013. Regroupant la plupart des principaux fournisseurs réseaux, il s'est fixé pour objectif de développer une plateforme Open Source pour les réseaux SDN. « Notre stratégie a toujours été Contrail », a déclaré Bob Muglia. « Mais nous tenons à respecter nos engagements vis-à-vis de OpenDaylight », a-t-il ajouté. Quand on lui a demandé spécifiquement si Juniper développerait des produits autour de OpenDaylight, celui-ci a répondu « non, mais nous sommes prêts à ce que OpenContrail contribue à OpenDaylight ». Selon lui, OpenContrail est une « solution complète » et dispose d'une « maturité différente » de celle que peut offrir OpenDaylight. À la question de savoir « quand et où on pouvait utiliser OpenDaylight à la place de OpenContrail ou de Networks Contrail », celui-ci a répondu : « Je ne sais pas quand nous utiliserons OpenDaylight. Juniper va tenir son engagement de soutenir le projet pendant deux ans, puis réévaluera sa participation », a-t-il déclaré.
Une révolution dans les datacenters
Contrail et OpenContrail sont des surcouches logicielles de réseau virtuel basées sur Linux qui tournent sur des serveurs x86. Elles permettent l'interconnexion des réseaux physiques avec l'environnement informatique virtuel des datacenters. Les contrôleurs facilitent et accélèrent la configuration et la fourniture de services. Le provisioning de services est réalisé par chaînage de services, c'est-à-dire la possibilité de connecter des services via les terminaux en fonction des besoins de l'entreprise. Juniper précise que « son contrôleur logiciel est compatible avec les outils d'orchestration de cloud CloudStack et OpenStack et permet de fédérer des environnements cloud privés, publics et hybrides ». Grâce à ses fonctions d'analyse, Contrail va permettre d'augmenter les capacités de gestion du réseau virtuel.
Bob Muglia n'est toutefois pas d'accord avec Big Switch Networks, un des pionniers du SDN, qui a décidé de prendre ses distances avec la technologie des surcouches logicielles, trop compliquée et trop chronophage pour les clients selon lui. « Pour se passer des surcouches logicielles, il faut remplacer l'équipement réseau sous-jacent », a-t-il déclaré, ajoutant que les clients de Juniper ont mis 12 à 18 mois seulement pour construire des réseaux SDN opérationnels avec Contrail. « Sur le plan technique Big Switch et Contrail sont très différents », a ajouté le vice-président exécutif de la division Solutions Logicielles de Juniper, qui n'a pas voulu entrer dans les détails.
Contrail est actuellement en bêta-tests chez plus de 40 entreprises et fournisseurs de services. L'équipementier a également signé un partenariat avec IBM pour intégrer Contrail à sa plateforme de développement, de déploiement et de gestion des clouds d'entreprise SmartCloud Orchestrator. Juniper travaille aussi avec Citrix CloudStack, Cloudscaling, IBM, Mirantis et RedHat pour intégrer OpenContrail avec les hyperviseurs - dont KVM et Xen - les systèmes d'orchestration et l'infrastructure physique sous-jacente. La version commerciale de Contrail est disponible sous forme de licence logicielle perpétuelle au prix de 1 700 dollars HT par socket, et sous forme de licence par abonnement au prix de 1 000 dollars HT par socket. La version libre OpenContrail est disponible sous licence Apache 2.0 et téléchargeable sur le site www.opencontrail.org.