Juniper : « Le SDN amène une souplesse inégalée dans le réseau »
Dans les grandes lignes, le SDN consiste à introduire la virtualisation, très utilisée dans les serveurs, à l'intérieur du réseau. Il s'agit de découpler les fonctions de management, de contrôle et les services réseaux de la partie purement matérielle. Ces fonctions sont alors assurées par un contrôleur. À partir d'un point unique, il est possible de piloter de façon automatisée un réseau et de l'adapter quasi instantanément à la demande.
«Les premiers intéressés sont les fournisseurs de services, nous déclare Brad Brooks (en photo), senior vice-president et responsable marketing que nous avons rencontré à Paris (*). En effet, grâce à ces logiciels virtualisés, il leur est possible de créer autant de machines virtuelles que nécessaire en cas de pics de trafic, par exemple, puis de les supprimer lorsque elles deviennent inutiles. Ce peuvent être des répartiteurs de charges, des routeurs virtuels, des accélérateurs de trafic ou des ponts de visioconférence. » En outre, cette flexibilité peut aussi être programmée d'avance. Exemple : lors d'un grand événement sportif, le fournisseur de services sait qu'il va y avoir une forte demande de vidéo streaming. Les opérateurs peuvent également utiliser cette technologie pour leurs besoins internes.
Les entreprises seront également également bénéficiaires de cette souplesse. Un grand constructeur automobile allemand a ainsi développé un service permettant à ses clients de suivre l'évolution de la commande de leur véhicule depuis la chaîne de montage jusqu'à la livraison et même proposer un rendez-vous pour la prise en main de la voiture.
Création de nouveaux services
«Pour les uns comme pour les autres, cette simplification de l'exploitation du réseau, ajoute Brad Brooks, permet de dégager du personnel attaché à des taches basiques de configuration des équipements pour l'affecter, notamment, à la création de nouveaux services qui peuvent amener un avantage concurrentiel ».
L'introduction du SDN est un enjeu technique, mais aussi humain. « Généralement, dans l'entreprise, les équipes chargées de l'informatique et celles du réseau constituent deux groupes séparés. Désormais, elles devront fusionner, car il n'y aura plus de frontière nette entre informatique et réseaux. »
Reste que si tout le monde est à peu près d'accord sur l'architecture du SDN, les solutions techniques pour le mettre en oeuvre diffèrent d'un constructeur à l'autre. Théoriquement, le protocole adapté est OpenFlox. Mais ce n'est pas lui qu'a retenu Juniper. « Il n'est pas assez mature, estime Brad Brooks. Nous avons préféré recourir à des protocoles largement répandus dans l'industrie comme BGP pour la partie contrôle et MPLS pour la partie transport. Plus tard, lorsqu'il sera réellement standardisé et offrira plus de fonctions, nous l'adopterons. Mais nous offrons d'ores et déjà des interfaces OpenFlow sur nos équipements actuels aux clients qui le demandent. »
Le SDN n'est pas uniquement à la portée des grandes entreprises. La PME peut souscrire à ce type de service auprès de son opérateur.
(*) Entré il y a deux ans chez Juniper, c'est un ancien de Microsoft, où il occupait les fonctions de vice-président chargé des ventes Windows, en particulier du lancement de Windows 7. Auparavant, il avait évolué chez Enron, Lucent, AT&T.