iPhone : 10 d'un coup
Les péripéties de l'iPhone constituent encore et toujours le fond de commerce de la presse informatique anglo-saxonne. Network World se régale d'un bug Bluetooth tout en précisant que le dernier train de correctifs totalisait 10 rustines, pas moins, sous la forme d'un « service pack » baptisé 1.1.1. Un « SP » qui, semble-t-il, en profiterait au passage pour récurer la mémoire des téléphones et en éliminer le moindre développement « tierce partie » tout en transformant ledit téléphone en... ex-téléphone. Autrement dit en désactivant l'appareil lui-même. Le Focus y va également de son écho avec deux papiers, l'un sur les bouchons logiciel à proprement parler, l'autre insistant précisément sur ce « blocage volontairement involontaire ». Ajoutons pour faire bonne mesure un compte-rendu de Security News sur la base de ces mêmes informations, ainsi que l'incontournable alerte de Secunia. Chez F-Secure, l'on nous offre une sorte de « résumé des chapitres précédents », réunissant le « service pack » du jour, les exploits de H.D.Moore datant de la semaine dernière... et d'ajouter perfidement que l'iPhone est « probablement le plus connu et le mieux maitrisé des systèmes propriétaires ». Et c'est probablement là que réside le plus grave problème. Car étant « connu » de bien des hackers, il ne serait pas très étonnant que survienne une sorte de Cabir ou autre virus s'attaquant spécifiquement à l'iPhone. Et comme l'iPhone est un système « closed source », aucun éditeur d'antivirus ne serait en mesure d'offrir ses services pour protéger le parc de terminaux Apple. Même en reconnaissant que F-Secure prêche pour sa propre chapelle et averti d'un danger que l'on sait relativement mineur, il faut bien reconnaitre que les finlandais marquent un point. Bien entendu, tout parallèle ou allusion avec d'autres technologies propriétaires telle que Vista ne serait que pure coïncidence. Cet argument semble être repris plus ou moins par AT&T, nous rapporte le New York Times, puisque cet opérateur « souhaite la bienvenue aux créateurs de programmes travaillant sur toutes les plateformes de terminaux téléphoniques... à l'exception des iPhone ». Et de citer une sorte de sophisme incompréhensible proféré par un certain Steve Jobs à propos du danger des « plateformes ouvertes » et du risque de voir tomber tout un réseau d'opérateur sous prétexte qu'un logiciel « y fiche la pagaille »(...network go down because some application messed up). Une fois de plus, les arguments du patron d'Apple reposent sur une menace totalement infondée -à savoir qu'un réseau d'opérateur tout entier pourrait-être vulnérable à une défaillance provoquée par quelques un de ses terminaux. Une sorte de malédiction divine frappant celui qui oserait s'écarter de l'orthodoxie Jobsienne. Une menace en fait ne visant qu'à justifier le pré-carré des dotations logicielles de l'univers Apple. Vrais, quoi... des fois qu'une version de MS-Office pour iPhone vienne sur le marché... certains précédents font ressurgir de mauvais souvenirs. Il fut un temps, pas si lointain que çà, ou la question favorite que les journalistes « spécialisés » posaient aux gourous des réseaux publics était « Mais quand donc pensez vous intégrer les outils microinformatique dans votre infrastructure ? » Ce à quoi lesdits gourous rétorquait « Vous imaginez vous un monde ou vous devriez rebooter votre téléphone S63 parce que son cadran est devenu bleu ? » Coup de pied le l'âne qui avait don de faire sourire l'assistance. Plus personne ne souris aujourd'hui. Demain, plus personne ne comprendra même que l'on ait pu poser ce genre de question et pu entendre ce genre de réponse. L'iPhone -tout comme le très virtuel googlephone et ses concurrents potentiels- concrétisent la mainmise du monde du business sur les infrastructures nationales stratégiques. L'abondement de l'actionnaire, la croissance du marché, la sacrosainte gadgetophilie, l'inflation technologique d'une offre « estimée » promettant des chiffre d'affaires pharaoniques, -remember le flop de la 3G en attendant celui de la TVphonie- sont le moteur d'un affairisme animé par le désir d'une rentabilité à court terme. Tout le contraire de l'optique avec laquelle doit être construit, entretenu un réseau de communication téléphonique national.