Interview: «Une entreprise a équipé 30 000 véhicules de la solution Webraska»
Eric Nodé-Langlois, Président de Webraska, revient sur le positionnement de la solution Webraska de navigation GPS sur mobile, et nous éclaire sur les perspectives de ce marché.
R&T : Quelles sont les activités de Webraska ? Eric Nodé-Langlois : La société a été créée en 1998. Nous avions dès le départ une vraie vision de la navigation et de la géolocalisation sur mobile. Nous avons deux activités majeures. D'une part, nous éditons des plateformes logicielles de données géospatiales (cartes et calcul d'itinéraires, de types Google Map ou Mappy). Cette activité génère 80% de notre chiffre d'affaires (total de 16 Meuros). Nous comptons comme client Yahoo et des éditeurs d'annuaires. Très peu d'acteurs savent générer très rapidement de gros volumes de cartes. Nous sommes 3 dans le monde, PTV, Decarta et nous ! D'autre part, nous avons conçu une application de navigation GPS pour les terminaux mobiles. Ce produit est distribué par les opérateurs, comme Orange en France et au R.U., Vodafone en Italie et Telstra en Australie. Webraska compte aujourd'hui 59 personnes, dont 52 en France. R&T : Pouvez-vous nous décrire votre solution mobile ? E.N.L : C'est une application de navigation par GPS sur terminal mobile, multi-OS (Symbian, Windows Mobile, Blackberry, téléphones Java...). Un logiciel client est installé sur le téléphone. Il communique avec un serveur de cartographie et de services à valeur ajoutée (POI, trafic...). L'application est dite « off-board ». Vous ne payez qu'à l'usage ou à l'abonnement. En terme de prix, le coût est inférieur à l'achat d'un PND (Personnal Navigation Device) de type TomTom. La solution vise les conducteurs de véhicules, mais aussi les piétons qui bénéficient d'une navigation adaptée à la marche. La très grosse différence avec un PND est le mode client/serveur. Les informations de trafic par exemple sont mises à jour en temps réel. Le conducteur peut être ainsi redirigé sur une route peut-être plus longue mais plus rapide. Toute la puissance de calcul est déportée, ouvrant ainsi de plus vastes perspectives. R&T : Quelle est l'offre Webraska d'Orange ? E.N.L : Les clients Orange s'abonnent de deux façons. Pour 10 euros par mois, ils accèdent à un usage illimité, tout compris. La nouvelle version (v7) proposera des options payantes, notamment des informations de type « guides gastronomiques ». Sinon, ils peuvent choisir un accès à la journée à 1,5 euro. Orange commercialise aussi un pack tout compris à 149 euros, incluant le module GPS et un an de consommation. R&T : Quels sont les résultats ? E.N.L : Ca a démarré doucement mais ça monte en puissance. Orange France n'a pas trop communiqué sur cette offre. Par contre, le pack Prodigio, de Vodafone en Italie, cartonne. C'est une offre tout compris, mobile, navigation et forfait. Nous comptons au total plus de 45 000 utilisateurs venant d'opérateurs. R&T : Comment résoudre les problèmes de QoS, notamment de coupures réseau? E.N.L : Tout d'abord, l'utilisateur télécharge un corridor de navigation. S'il perd la connexion, il est fort probable qu'il n'ait pas besoin de se reconnecter. Il suivra en effet le tunnel téléchargé. Les cas de figure, où l'utilisateur se situe en zone blanche et où il doit se connecter, sont rares. En zone de couverture, s'il sort de ce corridor, le système va lui recalculer sa route. Le téléchargement n'est pas lourd (1ko par km en milieu urbain) et s'effectue très rapidement, à fortiori en 3G. L'un des freins à l'adoption est l'impact sur la consommation du forfait data de l'abonné. Même si ca ne consomme que quelques ko, les opérateurs intègrent de plus en plus la consommation datas dans leurs tarifs. C'est déjà le cas de Vodafone. Orange va suivre... R&T : Votre offre séduit-elle les entreprises ? E.N.L :La majeure partie des utilisateurs Webraska sont des professionnels. Nous ne disposons pas de notre propre solution de tracking et de fleet management. Nous travaillons avec des spécialistes, comme Qualcomm, Groenweld en hollande, Punch Telematics en Belgique, Novacom en France... L'idée est d'avoir une approche ensemble. Ils possèdent une expertise clients sur les applications verticales. Un de leurs clients a équipé 30 000 véhicules d'une solution Webraska. Les opérateurs, eux aussi, sont à la recherche de ce type de solution. R&T : Comment voyez-vous l'avenir ? E.N.L. : De façon optimiste ! L'arrivée des terminaux avec antennes GPS va faire décoller les usages. On va voir se développer de plus en plus de contenus à valeur ajoutée sur le téléphone. Notre approche de navigation client /serveur gagne là toute sa légitimité. Les informations sont rafraîchis en temps réel. Sur les plateformes, l'avenir est aussi radieux. Les acteurs de pages jaunes sont dans une stratégie de défense face aux moteurs de recherche comme Google. Ils cherchent à porter leurs services en mobilité, liés à la cartographie. Mais ils ne disposent pas de solution technique. R&T : Ne pêchez vous pas sur les partenariats avec les constructeurs ? E.N.L : Nous sommes activement en train de nouer des partenariats avec les constructeurs. Nous avons déjà HTC avec Orange, et Sony Ericsson sur la prochaine génération de smartphones. Ces constructeurs vont pré-installer notre logiciel. Opérateurs et constructeurs réclament aussi des solutions hybrides, on-board/off-board. L'utilisateur télécharge une région ou choisit de télécharger un itinéraire. Il bénéficie alors du meilleur des deux mondes. Nous travaillons dans ce sens...