Interview : Le Périgord désenclavé grâce à la fibre
La communauté d'agglomération Périgourdine s'est dotée d'un réseau haut débit de 50 km, desservant 13 communes. Les opérateurs et FAI, auparavant frileux, investissent le territoire et délivrent leurs services. L'activité économique s'en trouver fortement dynamisée. Jean François Boullier, DSI de la Communauté d'Agglomération, témoigne.
R&T : Pouvez-vous nous rappeler l'origine du projet C@p Connection ? J.F. Boullier : Il y a 4 ans, nous sommes partis d'un constat sans équivoque. Seul France Télécom desservait notre territoire, et la moitié des zones d'activités n'étaient pas couvertes en haut débit. .. et ils n'avaient guère la volonté de couvrir plus. Nous avons donc lancé une étude de marché afin d'attirer les opérateurs. Nous avons identifié certaines zones où le raccordement fibre était nécessaire et d'autres parties du territoire, peu urbanisées, où le couplage fibre/adsl était plus judicieux. En 2004, nous avons alors initié la DSP (Délégation de Service Public). R&T : Quelle est le périmètre de la DSP ? J.F. Boullier : Après avoir lancé un appel d'offres sur 5 candidats, et reçu la réponse de 3, nous avons « shortlisté » Sogetrel et LD Collectivités. Au final, en avril 2005, le marché a été attribué à ce dernier opérateur. LD Collectivités construit et exploite 50 km de fibres sur 13 communes. Nous avons mis en place deux types de dessertes. Les zones d'activités (6 000 entreprises de toutes tailles) sont adressées en FTTB (Fiber To The Building). Les zones moins denses, particuliers et entreprises (70 000 personnes), sont adressées à travers 11 NRA. Nous y avons installé nos propres DSLAM. Nous avons d'autre part mis en place 6 faisceaux hertziens pour couvrir les zones d'ombres restantes. R&T : Avez-vous d'ores et déjà attiré des opérateurs ? J.F. Boullier : Le premier a avoir signé avec nous était Neuf Cegetel, qui a dégroupé sur les 11 NRA. Il fut suivi naturellement par AOL. Free a loué 18 km de fibre et est en train de poser ses DSLAM. Nous avons signé avec Completel pour le compte de Darty et nous sommes en cours de finalisation contractuelle avec Club Internet, Télé 2 et Alice. R&T : Quel constat faites-vous ? J.F. Boullier : Il y a 4 ans, les opérateurs disaient : « Perigueux ? C'est où ? ». Depuis, nous ressentons un revirement net d'image et d'intérêt. Les opérateurs sont attirés par ce réseau immédiatement disponible. Même France Télécom commence à ouvrir des NRA et nous a demandé des devis sur certaines zones d'activité ! C'est un comble... R&T : Combien vous a coûté ce réseau ? J.F. Boullier : L'enveloppe totale est de 5 millions d'euros. Nous avons bénéficié de 1,3M du Conseil Régional d'Aquitaine, le délégataire a apporté 2M et nous même avons participé à hauteur de 1,7M euros. La DSP s'étale sur 20 ans. R&T : Comptez-vous compléter le maillage en Wimax ? J.F. Boullier : Le Conseil Régional d'Aquitaine a eu une licence qu'il a rétrocédé au conseil général. Ce dernier devrait se saisir du dossier. Pour le moment, nous étudions de possibles raccordements en Wifi pour les foyers isolés. Mais cela se limiterait à quelques bornes installés sur des bâtiments municipaux. R&T : Quel bilan économique dressez-vous ? J.F. Boullier : Ce réseau haut débit est clairement un argument pour attirer les entreprises sur les zones d'activités. Nous avons eu le cas dernièrement d'un laboratoire pharmaceutique qui voulait à minima 3 opérateurs pour s'installer chez nous. L'infrastructure haut débit est donc nécessaire, mais ce n'est pas suffisant. Il faut aussi d'autres incitations. Le réseau stimule aussi les SSII, porteuses de solutions innovantes auprès des entreprises. Nous tentons de stimuler les usages, de démontrer que les solutions existent. Nous avons ainsi mis en place des solutions de paiement en ligne, ou de diffusion de vidéos en streaming avec France 3 Régions.