Internet : vecteur de démocratie ou de surveillance ?

le 30/06/2009, par EuroTMT, Régulation télécoms, 816 mots

Internet représente-t-il un danger pour la démocratie ou au contraire un espace de liberté ? Ce sujet a été débattu lors de tables rondes organisées dans le cadre du colloque « Droits et libertés dans la société numérique ». Il a mis en évidence de nouvelles craintes et certaines lacunes du Net.

(Source EuroTMT) Alors que l'Internet ne cesse de se développer à travers le monde, offrant la possibilité à près de deux milliards d'individus de s'informer et de s'exprimer plus ou moins librement, il est intéressant de s'interroger sur la place de ce média relativement jeune dans la démocratie. Pour débattre de ce vaste sujet, le centre d'analyse stratégique a organisé sous l'égide du secrétariat à l'Economie numérique un colloque baptisé « Droits et libertés dans la société numérique ». Trois tables-rondes thématiques ont permis à des experts du monde numérique (le blogueur Versac, l'avocat Alain Bensoussan, le sénateur Yves Detraigne, le journaliste Michel Alberganti...) de faire partager leurs idées plus ou moins convaincantes. Car si pour une fois - et le fait a été souligné par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'Economie Numérique en conclusion du colloque - tout le monde s'est accordé pour dire qu'Internet ne se résume pas aux réseaux pédophiles et au cyber-terrorisme, les avis divergent encore sur le rôle que le réseau des réseaux joue dans la société du XXIeme siècle. Des critiques recevables et d'autres, affligeantes En effet, alors qu'Internet est devenu un média populaire (plus de 50 % des foyers français sont connectés), on assiste encore aux querelles du siècle dernier entre les anciens et les modernes. Les premiers soulignent les risques de désinformation véhiculés par l'Internet, l'abrutissement des enfants qui ne savent plus fixer leur attention, zappent en permanence et vivent dans des mondes virtuels. Même Michel Alberganti, grand spécialiste des mondes numériques, n'a pu s'empêcher de noircir le tableau en mettant en garde sur l'invasion des puces RFID qui, non seulement rendent les objets de plus en plus intelligents, mais vont permettre demain de tracer l'individu dans toutes les étapes de sa vie. Si l'on peut entendre et même comprendre ce raisonnement, en revanche, que dire des propos affligeants du sénateur René Tregouët qui se décrit lui-même comme un « antique de l'Internet » (!) et qui propose de séparer l'identité des citoyens de leur identité sur Internet. L'idée est d'empêcher les entreprises commerciales de récupérer et d'exploiter des informations personnelles sur les internautes car, dit René Tregouët, « les sociétés privées n'oublieront jamais et si on ne fait rien, cela va devenir un problème majeur ». Un outil de contre-pouvoir Malheureusement, le bon sénateur a été incapable de dire comment on pouvait établir une muraille de Chine entre ces deux identités. Et il semble ignorer que le premier à exploiter les données des citoyens est l'Etat qui établit des fichiers en toute impunité, en y recensant des informations très confidentielles comme l'a montré l'existence du fichier Edvige. Les autres intervenants se voulaient, pour leur part, plus optimistes. Sans tomber dans l'angélisme qui est de dire qu'Internet est un merveilleux espace de liberté permettant à chacun de raconter n'importe quoi, Nicolas Vanbremeersch (alias Versac) a souligné « qu'Internet est aussi un outil de contre-pouvoir qui s'assied sur l'information et l'on a besoin en France de contre-pouvoir ». Julien Pain, journaliste à France 24 et Bernard Poulet, rédacteur en chef de L'Expansion ont de leur côté montré comment le travail des journalistes avait changé avec l'Internet car « la production de l'information telle qu'on la pratiquait depuis le 19e siècle a été totalement remise en cause ». Et le droit à la propriété des données ? Mais attention note Bernard Poulet : « Tout le monde n'est pas journaliste. Toute parole ne se vaut pas et l'expertise est nécessaire. » Enfin, bousculant bien des idées reçues, l'avocat Alain Bensoussan a rappelé « qu'Internet aujourd'hui en France est sur-régulé à travers cinq droits qui existent depuis 30 ans (droit à l'image, droit de retrait...) » mais qu'il en manque encore quelques uns (comme le droit à la propriété des données) pour faire de la Toile un monde où il ne fait pas si mauvais vivre. HADOPI, suite mais pas fin L'une des tables-rondes du colloque mettait en scène Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques et Jérémie Zimmermann, co-fondateur de l'association la Quadrature du Net. Ce fut un vrai dialogue de sourds entre les deux intervenants, le premier défendant la loi HADOPI dans sa version « Hard » (avant la retouche du Conseil Constitutionnel) et le second appelant à la diffusion totalement libre du savoir, sans cependant apporter de réponse à la problématique des droits d'auteur. De toute façon, le débat est loin d'être clos. Le gouvernement va maintenant tenter d'adapter la loi modifiée par le Conseil Constitutionnel tout en essayant de ne pas perdre la face. Le volet « sanctions » de la loi Création et Internet devrait être à l'ordre du jour du Sénat les 8 et 9 juillet puis au menu de l'Assemblée Nationale vers le 22-23 juillet.

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