Internet s'emballe sous l'effet du Cloud
Le Cloud Computing donne un coup d'accélérateur aux usages d'internet. D'autres révolutions émergent avec l'internet des objets, la mobilité et les réseaux sociaux. Mais des obstacles apparaissent : les régulations étatiques et le manque d'intéropérabilité des services de Cloud.
« Dans les années 90, on savait ce qu'internet allait devenir. Mais aujourd'hui, il est très difficile d'appréhender le futur avec le développement technologique et les modifications des comportements des internautes, les réseaux pervasifs, la création de contenus, etc. » a annoncé Mike Nelson, professeur à l'université de Georgetown, durant la conférence World Future Society qui a eu lieu du 8 au 10 juillet à Boston. Il s'est demandé si les chercheurs d'aujourd'hui avaient une perspective suffisante pour qu'internet continue son expansion.
Selon cet expert, le Cloud Computing va devenir un élément central, « encore plus important que le web ». Le Cloud rendra possible l'accès pour les pays émergents à des logiciels autrefois réservés aux pays riches. Les PME-PMI économiseront une partie de leur capital (CAPEX) en utilisant des services tels qu'EC2 d'Amazon ou Windows Azure de Microsoft pour stocker et traiter leurs données au lieu d'acheter des serveurs dédiés.
Dans le même temps, des capteurs devraient commencer à apparaître dans les éclairages, les appareils portatifs et les outils agricoles par exemple, - le fameux internet des objets dont on parle depuis dix ans- afin de transmettre les données par le web et vers le Cloud.
La vision des nouveaux usages d'internet évolue. En 2000, l'utilisation des services de Cloud avait récolté moins de 10% de réponses positives de la part des américains dans l'enquête « Internet and American Life Project » du centre de recherches Pew. Alors qu'en mai 2010, la réponse a atteint 66% d'utilisateurs, selon Lee Rainie, directeur du projet d'étude qui s'est aussi exprimé à la conférence. Ce même sondage a aussi révélé un usage plus intensif des dispositifs mobiles se connectant à des données stockées sur le Cloud.
Des obstacles existent toutefois sur cette route. « De nombreuses forces pourraient nous pousser hors des nuages » a constaté Mike Nelson. Ces éventuels obstacles seraient ...
Photo : Mike Nelson, professeur à l'université de Georgetown (D.R.)
... dus aux instances de régulations et aux limites de développement, a-t-il indiqué. Il a en particulier insisté sur la nécessité de l'intéropérabilité des services de Cloud qui autoriserait le transfert de données d'une plateforme à l'autre, plutôt que de bloquer les clients chez un seul fournisseur attitré à travers des technologies qui pourraient devenir intégralement propriétaires.
Les Clouds seraient ainsi - au moins - partiellement ouverts. « Il y a une chance, en insistant, d'arriver à un Cloud unique et universel » pense-t-il. Mais il identifie d'autres sources de perturbation : les régulations gouvernementales. Qu'il s'agisse de la lutte contre le piratage par les industries du divertissement, ou bien des pays craignant l'hégémonie nord-américaine et qui voudraient créer leurs propres Clouds.
Par ailleurs, le centre de recherche Pew s'est aussi intéressé de près à la manière dont le web réduit - peut-être - l'intelligence ou redéfinit les relations sociales et le partage de données personnelles. Le centre a conclu que les caractéristiques personnelles des individus déterminaient leurs usages du web.
Entre une utilisation à vocation de recherche, d'exploration et d'apprentissage, et une autre consistant à accepter le premier résultat offert par un moteur de recherche, tout cela dépend en effet de l'éducation des individus, et non pas de la technologie. Pour les interactions sociales, les interviewés ont déclaré qu'internet ne leur avait pas été nocif, et qu'ils réalisaient que le réseautage social ne menait pas à des amitiés particulièrement approfondies.
Pour autant, les jeunes adultes sont fortement critiqués pour le dévoilement de leurs informations personnelles, et l'étude montre que ce partage n'est pas en voie d'extinction. Ces pratiques, selon Lee Rainie, seraient en effet bien installées dans les habitudes.