Informaticiens valorisés ou précarisés ? Le Munci épingle l'Unedic et le Syntec
A l'occasion d'une étude de l'Unedic sur l'emploi des cadres, le Munci, association professionnelle des salariés et des indépendants des professions informatiques et télécoms, fait entendre sa voix. Elle s'oppose fortement à celle du Syntec, le regroupement des employeurs du même secteur.
Les bonnes nouvelles de la dernière étude de l'Unedic sur l'emploi des cadres, méritent d'être examinées de près estime le Munci, association professionnelle des salariés et des indépendants des professions informatiques et télécoms. L'Unedic énonce ainsi que 63 % des entreprises interrogées anticipent des difficultés de recrutement de cadres informatiques, et 45 % des difficultés pour recruter les techniciens. Ces deux chiffres sont en hausse par rapport à 2006, de 7 % pour les cadres et de 14 % pour les non cadres. La situation semble donc annonciatrice de larges possibilités d'embauches. Des bizarreries Reste que le Munci veut pointer certaines « bizarreries ». En terme méthodologique, l'étude de l'Unedic est basée sur le déclaratif des entreprises interrogées en fin de 2007, tous secteurs confondus. Elle a été menée sur 1,5 million d'entreprises avec seulement 20% de réponses. Or, dans les Hauts de Seine par exemple 82% des entreprises du sud du département anticipent des difficultés de recrutement de cadres informatiques. Elles ne sont que 50% dans le centre du même département. De même à Paris, si 80% des entreprises du secteur Trocadéro anticipent des difficultés de recrutement, elles ne sont que 32% dans le secteur Montsouris. De telles différences ne sont guère explicables. L'élimination des cadres quarantenaires Sur le fond, le syndicat en profite pour contrer les arguments du Syntec sur le boom économique censé se traduire par le nombre de postes à pourvoir et ...... les tensions en matière de recrutement. Selon l'étude Unedic, 90% des intentions d'embauches (soit 35 641 sur 39 390) des informaticiens sont dans le conseil et l'assistance. Traduction du Munci : ce chiffre montre une montée de la précarisation. Les entreprises clientes font peser le recrutement sur les SSII, d'où une forme d'intérim de cadres informatiques et un recrutement, par l'élimination des cadres quarantenaires, qui est assuré désormais par les SSII. Les deux tiers de la population des cadres ne sont pas concernés Un rôle que les entreprises clientes ne veulent pas jouer. Le secteur offre même des salaires peu attractifs et souffre d'une mauvaise image de marque. Le tout est lié aux yeux du Munci. Le Munci, étude après étude, formule des remarques récurrentes : l'emploi des cadres informatiques se fait à 80% en Ile-de-France et dans 4 autres grandes régions, le secteur ne souhaite pas garder ses cadres au-delà de quarante ans et tout un pan de la profession n'est pas concerné par les recrutements. Il s'agit des développeurs, des techniciens systèmes, réseaux et administrateurs, soit les deux tiers de la population des cadres informatiques. Une précarisation croissante du secteur Ce sont bien deux thèses qui s'affrontent : celle du Munci qui fait état d'une précarisation croissante du secteur et ne se laisse pas impressionner par les chiffres d'embauches annoncés ; celle du Syntec qui valorise les formidables possibilités de recrutement offertes par le dynamisme de la profession.