Important retard de l'Europe sur l'Asie en matière de très haut débit
(Source EuroTMT) Semestre après semestre, le même constat se répète. Le marché européen du très haut débit n'a toujours pas décollé. Cela concerne le raccordement des abonnés en FTTH/B (fibre optique jusqu'à l'appartement ou jusqu'au bas de l'immeuble).
Le FTTH Council Europe réalise pourtant un intense lobbying. Il multiplie les interventions pour plaider la cause de la fibre optique et vanter ses nombreux avantages supposés. Il liste ainsi : le soutien de la croissance économique, les économies d'énergie, une meilleure expérience pour les abonnés, le développement de nouveaux services.
Or, le constat ne change toujours pas. Avec ses 4,5 millions d'abonnés FTTH/B, le continent européen (Russie comprise) fait pâle figure face aux 43 millions d'abonnés en Asie ou aux 8,6 millions de clients en Amérique du Nord.
Profitant de la tenue à Paris du Broad-band World Forum, le FTTH Council Europe, en partenariat avec l'institut Idate, a présenté ses dernières statistiques à la fin juin 2010. Et la conclusion s'impose d'elle-même : il ne se passe pas grand-chose de nouveau.
On relève cependant la volonté des pays de l'Est de l'Europe de sauter l'étape du DSL. Sur cette technologie, la plupart d'entre eux sont assez en retard. Ils développent donc directement les accès à très haut débit. Résultat, sur les dix premiers marchés européens pour le FTTH/B, les pays de l'Est trustent cinq places, dont la première soufflée à la Suède par la petite Lituanie, qui enregistre un taux de pénétration du très haut débit de 21%.
Si les trois pays suivants (Suède, Norvège, Slovénie) affichent aussi des taux de pénétration supérieurs à 10 %, ce taux s'effondre rapidement. Sur les 36 pays que compte l'Europe, le classement, fondé sur les pays affichant un taux de pénétration supérieur à 1 %, n'en retient que 17.
Si l'Italie et la France arrivent à être classées (respectivement à la 14ème et à la 15ème place), d'autres grands pays européens manquent à l'appel : la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Espagne n'ont toujours pas atteint ce niveau symbolique de ...
Illustration : déploiement de la fibre optique par Orange (D.R.)
... 1% !
(Source EuroTMT) Le FTTH Council Europe veut cependant trouver dans cette étude des raisons d'espérer un avenir radieux. Il est vrai que si le marché côté consommateurs ne décolle pas véritablement, l'équipement des immeubles en accès FTTH/B progresse réellement. On dénombre plus de 26 millions de foyers qui sont maintenant connectés aux réseaux en fibre optique.
Logiquement, cette croissance du nombre de logements équipés devrait finir par se traduire par une accélération significative de la croissance du nombre d'abonnés. Les opérateurs alternatifs qui, dans de nombreux pays, se montrent très actifs, y ont tout intérêt pour rentabiliser leurs investissements et prendre des parts de marché aux opérateurs historiques.
Pour le FTTH Council Europe et l'Idate, c'est d'ailleurs le renforcement de la concurrence qui va contraindre les opérateurs historiques à sortir de leur attentisme afin de réagir aux opérateurs alternatifs ou aux câblo-opérateurs.
Ce qui se confirme dans quelques rares pays. Au Portugal, Portugal Telecom doit réagir à la rude concurrence de son ancienne filiale Zon Multimedia. En France, France Telecom, depuis le changement de directeur général, tient un discours bien plus offensif sur la fibre optique. Les prochaines études semestrielles permettront de savoir si l'éternel optimisme du FTTH Council était fondé.