IGN : faits d'hiver ou serveurs gelés ? (mise à jour)

le 24/06/2006, par Marc Olanié, Actualités, 830 mots

IGN : faits d'hiver ou serveurs gelés ? (mise à jour)

Impossible d'afficher la page La demande ne peut pas être traitée pour le moment. Le trafic actuel excède la capacité configurée pour le site Web. Avant même que le service « Google Earth Killer » de l'IGN soit officiellement lancé, les serveurs du Cartographe d'Etat étaient littéralement plantés, au moins depuis 5 H du matin ce vendredi 23 Juin. Si la fourniture (gratuite?) de données photogrammétriques est une spécialité affirmée des légataires du Grand Vauban, la construction et la maintenance d'un réseau informatique efficace reste l'apanage des véritables professionnels du milieu. A commencer par Google et leur principal prestataire de QoS, Akamai. Seuls fonctionnaient, en ce début de journée, les résultats du travail du service de presse de l'IGN, à savoir les papiers laudatifs sur la qualité et la précision d'un service exceptionnel. Il faut croire que nos confrères de la presse généraliste radio-TV ont des dons particuliers en matière de trames hyperspatiales ou des accès RAS directs avec les serveurs de l'Institut. Tiens, il est 8H30, et toujours rien. Il est parfois plus difficile, le matin, de lire des cartes que du marc de café. Mise à jour : 8H40 heure locale, par 46°00219 de latitude Nord et 6°39658 de longitude Est. Certaines pages des serveurs IIS commencent à tomber en marche. Temps d'accès moyen : 2 minutes par page. Aucune annonce visible du nouveau service concurrençant Google Earth sur la Home Page. On n'ose penser à l'oeuvre d'une bande de « defacer » doublée d'une attaque en déni de service. 9H Retour du serveur à une activité normale (voir illustration ci jointe).

A la queue, comme tout le monde !
Mercredi 28 juin : situation inchangée depuis le lancement virtuel du portail IGN. A l'heure actuelle, la « solution » imaginée consisterait à attribuer un « ticket d'entrée » à chaque internaute-visiteur souhaitant admirer le toit de son pavillon de banlieue. Les pressions politiques, le lancement trop anticipé, l'absence totale d'estimation de la montée en puissance nécessaire, le manque de moyen, la lenteur des contrats passés avec la fonction publique, l'engouement phénoménal des français pour la photogrammétrie (à 3H du matin ? ils sont fous, ces géographes amateurs !)... tout a été invoqué pour justifier le flop du service de l'Institut. Tout, sauf probablement le bon motif : Fournir de la bande passante et de l'accès, ce n'est pas le métier de l'IGN. Se lancer dans une aventure « grand public » d'envergure mondiale, ce n'est pas le métier de l'IGN. Bâtir un projet informatique « online » avec phase de test, montée en charge, analyse du « feedback » des usagers, ce n'est pas, çà n'a jamais été, çà ne sera jamais le métier de l'IGN. Le métier de l'IGN est, depuis Napoléon, d'utiliser correctement un théodolite, le papier et le crayon, et son désir le plus cher est de ne pas perdre son monopole. Déjà, des expériences précédentes, de moindre envergure, avaient frisé le fiasco. Notamment des cartes « TOP 25 » pour randonneurs scannées de manière charbonneuse, dans un format totalement exotique, confiées à un éditeur qui n'avait guère de liberté de mouvement et dont le cahier des charges ne comprenait pas même une clause de support à long terme des logiciels vendus. Du jour au lendemain, des clients se sont rendu compte que leur « soft IGN » acheté un mois auparavant, n'avait pas vécu le temps d'une vesprée. Dans d'autres pays, cela se serait soldé par une « class action suit ». Il reste que cet extraordinaire « loupé » de Géoportail offre aux responsables sécurité un véritable trésor d'informations. A commencer par : - Des métriques sérieuses sur le nombre de requête que peut provoquer l'ouverture d'un tel service. - Une réponse concrète à la fameuse question « combien coûte, en terme d'impact sur l'image de marque, la non-disponibilité d'un service d'envergure internationale » - Des estimations sur les coûts réels de la mise en place « dans l'urgence » d'une infrastructure de communication taillée pour une telle demande - Pour Microsoft, le sujet d'un nouvel ouvrage sur la configuration de clusters de serveurs IIS dans le cadre de réseaux à fort niveau de sollicitation et haut niveau de redondance (à paraître chez Microsoft Press, 534 pages, 45 Euros, MCP 3,14159 modifié 14-18) - Des métriques toute aussi sérieuses sur la taille des parapluies au sein de la fonction publique. Si la DSI de l'IGN « saute », ce ne sera certainement pas la preuve de son incompétence, mais un indicateur du niveau de panique au sein de la chaîne de Ministres, Secrétaires d'Etat, Conseillers Ministériels, grands fonctionnaires, en quête d'une victime expiatoire plausible à offrir à la vindicte populaire -voire Présidentielle chuchotent certains de nos confrères-. Il faudra, un jour ou l'autre, que l'IGN choisisse entre s'engager dans la voie commerciale d'une entrepris s'adressant au grand public, ou demeurer une structure d'Etat, protégée par sa situation monopolistique, n'offrant ses services qu'à une élite institutionnelle et à quelques entreprises fortement argentées. La mutation n'est pas particulièrement aisée, la décision ardue. Dans les années 80, une autre organisation d'Etat avait eu à prendre une décision semblable. C'était le réseau Arpanet militaire /Internet Universitaire américain. Qui donc sera le Al Gore ou le Bill Clinton qui saura prendre la bonne décision ?

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