I .E. vs Firefox, l'arbitre avait mal compté
La comptabilité stérile des bugs et failles qui affectent les navigateurs vient de faire une victime de plus : Symantec. Chahutés par les utilisateurs et les éditeurs qui ne cessent d'ergoter sur la corrélation des cahiers de tenue de failles des uns et des autres, les « compteurs de trous » n'osent plus annoncer un score formel. C'est pourquoi, explique notre confrère et grand frère ComputerWorld, Symantec tiendra désormais un double recensement des vulnérabilités, l'une portant sur les« vendor confirmed », l'autre sur les « bugs found by security researchers ». De cette manière, chaque éditeur a droit à un classement avantageux. A ce rythme là, l'intendance du risque informatique va relever du bilan d'apothicaire et concurrencer Eugène Labiche et son Capitaine Tic, qui tentaient de « connaître le nombre exact de veuves qui ont passé le Pont-Neuf pendant le cours de l'année 1860. Il y en avait 13 453..., dont une douteuse ». Cela nous apprend également qu'il existe un monde où un bug n'est pas véritablement un bug s'il n'appartient pas à la famille des bugs officiellement reconnus par Microsoft, la Mozilla Foundation ou un quelconque membre de la famille des codeurs de navigateurs. Une dialectique qui rappelle celle des « dissidents officiels » et les « dangereux révisionnistes » de l'époque Brejnev. Qui donc s'en offusquera ? Ce ne sont que de petites failles, après tout. De petits mots aussi. De petites imprécisions. Tout comme « Art », « Business », « Transmission de Fichier », « Piratage », « copie privée » ou « pillage intellectuel » ne procèdent plus que d'une seule et même idée. L'amalgame, la dérive sémantique, le consensus mou et la compromission, peu à peu, viennent grignoter la rigueur intellectuelle et l'exactitude scientifique, au nom des intérêts supérieurs du Commerce. Lorsque le Commerce aura compris que l'information objective est fille de la rigueur intellectuelle et de l'exactitude des mots, il sera trop tard... elle aura disparu.