Huawei plaide pour normaliser les contrôles sécurité des produits télécoms
Selon le directeur marketing des produits Wireless Network de Huawei, un examen des produits télécoms est bienvenu, s'il reste factuel. Il estime aussi que l'approche adoptée par le National Cyber Security Center (NCSC) britannique, une antenne du GCHQ, peut servir d'exemple pour créer des normes de sécurité régionales.
Le géant chinois de la technologie Huawei se félicite - officiellement et en public - de l'examen de sécurité minutieux auxquels ses produits ont été soumis ces deux dernières années.. Selon le constructeur, il aurait même permis à l'entreprise de conserver un avantage concurrentiel en recherche et développement.
S'exprimant mardi 12 février 2019 depuis le siège social de Huawei à Shenzhen (Chine), le Dr Yuefeng Zhou, directeur du marketing des produits Wireless Network de Huawei, a déclaré : « En tant que fournisseur, nous nous réjouissons de cet examen minutieux. Cette contrainte externe a incité nos équipes R&D à être encore plus innovantes et à apporter toujours plus d'améliorations à nos produits dans des délais record. Nous nous félicitons en particulier des discussions ou des exigences fondées sur des faits et motivées par la responsabilité technologique. Tout soupçon ou toute conjecture sans fondement seraient injustes à notre égard et ne favoriseraient pas le développement du secteur des télécommunications notamment pour ce qui est du déploiement de la 5G », a-t-il déclaré en réponse aux questions qui lui ont été posées, dans un contexte particulièrement délicat pour Huawei.
Les contrats 5G mis sur le tapis
L'entreprise, au centre d'accusations d'espionnage portées par les États-Unis, mais aussi par les services de renseignement britanniques, a déclaré qu'elle était actuellement dans la « première phase » de son travail de développement de la 5G, l'objectif étant de fournir le même type de haut débit mobile amélioré (ou eMBB) pour connecter les systèmes industriels et les appareils grand public. L'étape suivante consistera à fournir la « faible latence ultra fiable » généralement associée à la 5G, qui permettra aux opérateurs d'offrir des fonctionnalités critiques en périphérie des réseaux, une technologie destinée notamment aux véhicules autonomes.
Dans sa présentation d'ouverture, le Dr Yuefeng Zhou a fait remarquer que Huawei avait déjà signé 30 contrats commerciaux autour de la 5G et qu'il avait expédié 25 000 stations-relais. L'entreprise se vante d'assurer la connectivité jusqu'aux points les plus éloignés du globe, au sommet du mont Everest, et au fond de la mer des Caraïbes. Mais, malgré ces annonces exceptionnelles, ce sont surtout les récentes controverses visant Huawei qui dominaient les débats, y compris les craintes pour la sécurité nationale exprimées par le gouvernement australien. Cependant, M. Zhou a surtout cherché à expliquer que les technologies réseaux 2G, 3G et 4G et 5G actuelles résultaient toutes d'une base technologique ancienne identique, et qu'une station-relais restait toujours une station-relais. Si bien que selon lui, « les craintes formulées à propos de la 5G sont surfaites ».
Les travaux de l'agence UK en cybersécurité NCSC vus d'un bon oeil
Le Dr Yuefeng Zhou a rappelé que, de façon générale, la sécurité avait toujours été une préoccupation prioritaire de l'industrie des télécommunications, depuis la mise en service de la 2G jusqu'à aujourd'hui. Lors d'une table ronde organisée avec les médias, il a déclaré : « Il y a deux éléments importants que nous pouvons tirer des expériences passées. La première, c'est une standardisation des exigences de sécurité, de sorte que tous, depuis les fournisseurs jusqu'aux opérateurs et aux gouvernements, disposent de « références solides » pour évaluer « si les composants des différents fournisseurs sont sécurisés ou pas ». En encourageant la coopération interprofessionnelle sur ces normes de sécurité 5G - tant internationales que régionales - toutes les parties prenantes auront une base solide pour savoir ce qu'elles doivent respecter.
Le National Cyber Security Centre (NCSC), l'agence britannique chargée de la cybersécurité, conseille les entreprises opérant en Grande-Bretagne sur les moyens de se protéger. Selon M. Zhou, cette antenne gouvernementale de lutte contre la criminalité sous tutelle du GCHQ - qui suit le sujet Huawei depuis des mois - a beaucoup travaillé pour établir des normes de sécurité régionales et « ses exigences de sécurité pourraient servir d'exemple à d'autres pays ». « Récemment, nous avons constaté que l'Allemagne et l'UE discutaient de la normalisation des exigences de sécurité afin de fournir une base rigoureuse d'évaluation de la sécurité », a ajouté le directeur marketing de Huawei. « Nous pensons que les choses vont dans le bon sens ». Le Dr Yuefeng Zhou a également estimé qu'un « mécanisme et une plate-forme de coopération ouverts et transparents » seraient utiles pour signaler les problèmes technologiques de la 5G. « À mesure que la technologie progresse et que les applications se diversifient, nous avons besoin d'un mécanisme de coopération ouvert et transparent pour identifier et résoudre rapidement les problèmes », a-t-il déclaré. « Par conséquent, Huawei serait heureux de voir qu'un tel mécanisme de coopération se met en place... Cela évitera de répercuter les éventuels problèmes sur les opérateurs et les consommateurs finaux ».
Des experts indépendants à la rescousse ?
Cela fait un certain temps que Huawei et la Grande-Bretagne collaborent. Le gouvernement britannique a ouvert un centre de cybersécurité à Banbury, Oxfordshire, pour vérifier que les produits d'Huawei n'étaient pas utilisés à des fins d'espionnage et ne représentaient pas de menaces pour la sécurité nationale. M. Zhou a également invité des experts indépendants et de grandes entreprises de l'industrie britannique à tester les produits Huawei. À la question de savoir si la politisation des technologies pourrait devenir un problème plus manifeste à l'avenir, M. Zhou a déclaré : « L'ensemble du secteur des télécommunications a toujours pris au sérieux les questions de sécurité. On peut dire que les investissements en R&D pour la 5G sont meilleurs que pour la 4G. Il n'y a pas eu de changement de nature, mais la perspective technologique est différente », a-t-il expliqué. « Le vrai changement perceptible selon nous, c'est que Huawei commence vraiment à prendre le leadership de la 5G ». Avant de conclure de manière un peu énigmatique que ce leadership « pouvait susciter des inquiétudes excessives de la part de certains partis ».