Huawei et ZTE constitueraient une menace pour la sécurité des Etats-Unis
Huawei et ZTE viennent de se faire épingler le lundi 8 octobre 2012 par un rapport d'une commission de la chambre des représentants des Etats-Unis pour des questions de sécurité. La commission recommande aux entreprises d'acheter des équipements d'autres fabricants que ceux des chinois.
Alors que les suspicions du sénateur français Jean-marie Bockel sont fortes concernant les routeurs chinois, une enquête menée par le Congrès Américain ne va pas faire des heureux du coté de Huawei et ZTE. En effet, pendant un an, une commision du Congrès Américain a enquêté sur les équipements de télécommunication de ces deux fournisseurs et aurait conclu que ceux-ci constituent une menace pour la sécurité de la nation.
Ainsi, la commission conseille aux entreprises américainse d'acheter du matériel réseau fabriqué par d'autres fournisseurs. Néanmoins, des analystes estiment que l'enquête de la commission est motivée par un point de vue politique, tout en ne donnant que peu de pistes pour protéger les réseaux de Télécommunications américains.
La commission intelligence économique, une commission de la chambre des représentants, doit publier son rapport le 8 octobre 2012. La Chambre a tiré ses conclusions après avoir constaté que Huawei et ZTE pourraient être influencés par le gouvernement chinois à saper la sécurité américaine, selon différents médias. La commission a également recommandé aux Etats-Unis de bloquer tout projet d'acquisition ou de fusion dans le pays mené par ZTE ou Huawei.
La Commission encourage aussi les entreprises privées américaines à tenir compte des risques de sécurité liés à des relations d'affaires avec Huawei et ZTE pour l'équipement ou la délivrance de services.
Les conclusions de l'enquête pourraient ternir la réputation des deux géants chinois, qui ont dû faire face à des accusations répétées ces derniers mois. Ces deux entreprises sont régulièrement accusées d'espionner des réseaux de télécommunications en France et aux Etats-Unis.
Dans une interview donnée dans l'émission 60 Minutes de CBS News diffusée dimanche 07 octobre, le président de la commission et représentant américain Mike Rogers a déclaré "si j'étais une société américaine aujourd'hui... Je voudrais trouver un autre fournisseur si je me souciais de la propriété intellectuelle. si je me souciais de la vie privée de mes consommateurs et si je me souciais de la sécurité nationale des Etats-Unis."
Alors que Huawei et ZTE n'ont pas encore reçu le rapport, les deux sociétés se sont défendues à plusieurs reprises contre ces allégations de risque de sécurité, tout en essayant d'aider à l'enquête réalisée par la commission.
Photo : Scott Sykes - Porte parole de Huawei (D.R)
Le mois dernier, des représentants de Huawei et ZTE ont comparu à une audience devant la commission intelligence économique. Les deux représentants ont nié tout lien avec le gouvernement chinois, affirmant que leurs entreprises n'iraient jamais saboter un réseau appartenant à des clients.
François Quentin, Directeur de Huawei France, abondait récemment dans ce sens. En effet, il a rappelé le 20 septembre 2012 que "Huawei est une entreprise privée, qui appartient à ses salariés et qui n'a rien à voir avec le gouvernement chinois ou l'armée. Nous réalisons 70% de notre chiffre d'affaires hors de Chine, nous servons un tiers de la population mondiale, on ne s'exposera donc jamais au risque d'altérer la sécurité de nos clients, à les rendre vulnérables. Nous mettrions tout simplement en danger la pérennité de notre entreprise" affirme-t-il.
"La sécurité et l'intégrité de nos produits sont modialement prouvées" a déclaré le porte-parole de Huawei Scott Sykes, citant la façon dont l'entreprise réalisé des affaires sur plus de 150 marchés et avec plus de 500 opérateurs de télécommunications." Tels sont les faits, si l'on sort des agendas politiques," a-t-il déclaré dans un e-mail.
Le porte-parole de ZTE David Dai Shu a dit que la société prendrait parole une fois qu'ils auraient le rapport entre les mains. Dans une lettre adressée à la commission le 25 septembre, ZTE s'interrogait sur les raisons de l'enquête de la commission, quand les plus grands fournisseurs d'équipements de télécommunications occidentaux fabriquent leurs équipements en Chine.
"A titre d'exemple, les ventes d'équipements et d'infrastructures de télécommunication réseaux etaient inférieurs à 30 millions de dollars en 2011. En revanche, deux des plus grands fournisseurs occidentaux réalisaient plus de 14 milliards de dollars sur le seul marché américain," écrivent les responsables de ZTE dans la lettre. "ZTE a suggéré, respectueusement, que la portée de l'enquête de la commission est trop étroite pour protéger pleinement la sécurité nationale américaine."
La commission du Congrès a cependant justifié son enquête en soulignant le nombre croissant de cyber-attaques, soit disant en provenance de Chine, ainsi que "la richesse des possibilités" que ZTE et Huawei pourraient fournir au gouvernement chinois afin de saboter les réseaux nord-américain, si leurs équipements de télécommunication avaient été achetés.
"Une des raisons principales que nous rencontrons dans cette enquête est d'éduquer les citoyens au sujet des intérêts des Etats-Unis" a déclaré Dutch Ruppersberger, haut responsable de la commission, lors de l'entrevue à 60 minutes.
Mais les analystes ont également remis en question l'approche de la commission du Congrès, en examinant uniquement les entreprises chinoises dans son enquête. "Ce n'est pas un problème qui est propre à Huawei et ZTE. En fait, s'il y a un problème, c'est avec toutes les entreprises" déclare David Wold, PDG de Wolf Group Asia, un cabinet de conseil en technologie basé à Pekin. "L'intégralité des entreprises de télécommunications fabriquent en Chine", ajoute-t-il.
On ne sait pas quelles preuves l'enquête a cité dans ses conclusions. Différents médias ont noté que la commission a tiré ses conclusions à la fois dans des informations classifiées et non classifiées. David Wolf a cependant déclaré que dans le cas de Huawei, aucune preuve tangible n'a été trouvée montrant que les équipements de l'entreprises causent une menace pour la sécurité nationale.
"La solution que la [commission] propose ne résout pas le problème" déclare le PDG de Wolf Group Asia. "On ne peut être amené à croire qu'il y a d'autres motivations à l'oeuvre ici, d'autant plus qu'il n'existe aucune preuve que quoi que ce soit ne se produise avec du matériel Huawei. Et s'il y a un problème avec des informations de vulnérabilité, pourquoi n'enquêtons nous pas sur toutes les compagnies étrangères ?"
Matt Walker, analyste chez le cabinet d'études Ovum, pense que les politiciens ont dirigés l'enquête de la commission. "C'est la période des élections. On est à un mois du vote et la puissance de la chine, sa menace, est une question politique très importante de nos jours. C'en est presque une simple équation mathématique, " a-t-il déclaré.
Les rivalités politiques de la Chine et des Etats-Unis se diffusent désormais dans le secteur du commerce ajoute Matt Walker. "Mais mon sentiment est que cette question va considérablement s'estomper d'ici quelques mois. Si ce n'est pas le cas, Huawei et ZTE pourrait se demander s'il est intelligent de continuer à vouloir investir le marché américain."
Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a lui réfuté les accusations américaines. Ainsi, selon lui, la Chine espère "que le Congrès américain respectera la vérité et surmontera les préjugés afin de stimuler la coopération économique et commerciale bilatérale, et non l'inverse."