Huawei affirme la puissance chinoise dans les télécoms
Un chiffre d'affaires en croissance malgré la crise, un portefeuille de produits diversifié, une présence mondiale, l'équipementier télécoms Huawei trace sa route et séduit de plus en plus les opérateurs historiques. Il travaille sur le premier réseau LTE commercial avec TeliaSonera.
(Source EuroTMT) Figurant désormais dans le top 5 des équipementiers télécoms, le chinois Huawei n'en demeure pas moins une entreprise assez mal connue. La venue de certains de ses dirigeants européens au Broadband World Forum Europe, qui s'est tenu à Paris du 7 au 9 septembre, a été l'occasion de faire le point sur sa stratégie et ses projets de développement. Force est de constater que du côté de Shenzhen (siège social de Huawei, à côté de Hong Kong), on est plutôt optimiste car la croissance est au rendez-vous. L'entreprise, qui a prévu de faire 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2009 (23,3 milliards en 2008), avait déjà atteint plus de la moitié de son objectif à la fin des six premiers mois de l'année. Et même s'il ne nie pas l'impact de la crise économique sur son activité, l'équipementier chinois est confiant pour la fin de l'année. Il est vrai que Huawei a su non seulement diversifier son portefeuille, proposant des gammes de produits et de services extrêmement larges, mais surtout il s'est installé dans le monde entier ce qui lui permet d'atténuer les conséquences du ralentissement économique que connaissent l'Europe, les Etats-Unis et le Japon. « Nous réalisons 75 % de notre chiffre d'affaires à l'international (contre 41 % en 2004, ndlr) et nous sommes le leader mondial des réseaux tout IP avec notamment 25 % de parts de marché dans le DSL » affirme Edward Zhou, directeur marketing Europe de Huawei. Pour Edward Zhou, la réussite du groupe à l'étranger tient d'abord à sa bonne implantation régionale : « Nous avons un siège social dans chacun des grands pays où nous sommes installés avec des employés (souvent débauchés à la concurrence, ndlr) et des partenaires locaux ». Photo : bâtiment principal sur le Campus de Huawei à Shenzhen. Le campus ressemble à celui de Cisco à San Jose en Californie, mais avec un fort taux d'humidité (D.R.) Une présence indispensable car affirme Edward Zhou, « ce n'est pas pour les prix que nos clients choisissent Huawei mais c'est pour nos innovations et pour la qualité que nous leur offrons. Cela concerne la qualité de nos produits mais aussi la qualité de nos services et cela implique que nous soyons proches d'eux ». Mais les équipementiers chinois n'étaient-ils pas pointés du doigt par leurs concurrents occidentaux comme pratiquant un dumping infernal sur les prix des produits au détriment des services ? Cette rengaine serait elle donc obsolète ? « Tout à fait. Les prix aujourd'hui ne sont plus le seul argument. Nos clients exigent avant tout des services de qualité » déclare Edward Zhou qui indique également que si les opérateurs choisissent les produits Huawei, c'est parce que ceux-ci leur permettent de réduire leurs coûts. Cette stratégie en tout cas semble réussir à l'équipementier chinois puisqu'il est aujourd'hui le fournisseur de « 36 des 50 premiers opérateurs mondiaux ». En France, il y a bien sûr Free mais aussi Orange et SFR. Malheureusement, Edward Zhou n'a pas souhaité détailler les partenariats que Huawei entretient avec les opérateurs hexagonaux. Le dirigeant chinois a préféré s'étendre sur l'accord passé avec TeliaSonera pour la mise en place d'un réseau LTE commercial, « le premier dans le monde », et le développement de ses activités en Afrique, en Europe de l'Est et dans la région Asie-Pacifique. Enfin, interrogé sur les rumeurs des dernières semaines qui faisaient de Huawei un possible repreneur d'Alcatel-Lucent, Edward Zhou a « botté en touche » expliquant que ce n'était « qu'une rumeur et que la réponse relevait de Shenzhen ». Néanmoins, il a reconnu qu'après une première vague de consolidation, le secteur des équipementiers télécoms allait encore évoluer et que l'on pourrait fort bien assister à de nouveaux rapprochements.