Hameçonnage et aiguillage...c'est possible !
La page de gare de la SNCF* prévient ses usagers et chers clients qu'une attaque en phishing usurpe son identité, et accessoirement l'intégrité des comptes bancaires des voyageurs. Et de reproduire le courriel d'incitation sur une page tout spécialement consacrée à cet événement.
Dire, comme certains de nos confrères, que l'attaque a été « bien menée » semble peut-être légèrement exagéré. Jamais usage d'un traducteur automatique n'aura été aussi évident. Certes, la Sncf compte probablement, parmi ses clients, des étudiants moldo-valaques achevant une thèse de troisième cycle de mongol médiéval, seuls capables de comprendre le sens profond d'une phrase telle que : « ...une personne différente quel volé votre identité pour acheter frauduleur sur un site internet ». On est loin d'une véritable missive administrative en bon hexagonal dans le texte, avec ses « Par ailleurs » et autres tournures truffées de participes présents.
Mais ce qui semble le plus étonnant, c'est que le Cert Administration, que l'on peut difficilement taxer d'alarmiste compte tenu du nombre limité de ses alertes, pousse également un grand cri d'inquiétude. Et de préciser « Le corps du message ressemble à s'y méprendre à un courrier authentique de la SNCF ». En voilà encore qui ne font pas particulièrement dans l'analyse sémantique. Pourtant, notre cher Cert A à nous fait attention au poids des mots, et utilise notamment le terme de « filoutage » pour traduire « phishing » (et non hameçonnage comme d'autres osent l'écrire). Voilà un signifiant qui sent presque le paradichlorobenzène sublimé par notre non moins chère Commission de Défense de la Langue Françoise. Ventrebleu, le voilà le véritable combat : comburons sitôt les idiomes Picte et Calédonien, et n'oyons plus que mots justes et francs. Fi de cyber-usurpation d'identité, ce sera Tirelainage. La malandrinerie désignera les hacks, les Ost d'aragne remplaceront ces horribles « botnets », les outils de pentest deviendront Catapulticiels et l'on bannira enfin cet abomination qu'est le mot « ordinateur » pour le remplacer par Computeur, du latin Computus, calcul complexe des dates des fêtes religieuses mobiles.
*Ndlc Note de la correctrice : Je tiens à faire remarquer que j'ai fait mon possible pour éviter au lecteur ces jeux de mots affligeants.