Gouvernement et syndicats favorables à un rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom

le 16/05/2014, par Didier Barathon, Opérateurs/FAI, 662 mots

Depuis un mois, des discussions sont engagées entre les Pdg d'Orange et du groupe Bouygues, Stéphane Richard (en photo) et Martin Bouygues. L'information a été livrée aux Echos de manière à tester les réactions,  mais avant même cette fuite, plusieurs opinions favorables à un rapprochement entre les deux opérateurs se sont exprimées.

Gouvernement et syndicats favorables à un rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom

Arnaud Montebourg depuis deux ans livre son analyse d'un marché des télécoms, où la présence de quatre opérateurs détruit selon lui les emplois et les investissements au seul profit des consommateurs.  C'est l'effet du low cost et de l'arrivée de Free Mobile. Le but du ministre est donc d'encourager et de favoriser le passage à trois opérateurs, le soutien à Bouygues pour le rachat de SFR n'avait pas d'autre objectif. Quel que soit le caractère parfois éruptif d'Arnaud Montebourg, le raisonnement de fond est partagé par plusieurs interlocuteurs.

Après l'échec de Bouygues dans la reprise de SFR, le même ministre s'est d'ailleurs prononcé pour un rapprochement avec un autre opérateur. Le nom de Free étant le plus souvent prononcé. Même si les relations se sont apaisées entre Free et Bouygues, le climat n'est peut-être pas aussi favorable à ce rapprochement et Bouygues Télécom est encore lié à SFR pour créer un réseau de téléphonie mobile en commun. En fait, ces deux acteurs ont besoin d'un rapprochement, mais pas du même, Free peut souhaiter reprendre un réseau alors que Bouygues Télécom a plutôt besoin d'un rapprochement capitalistique.

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Deux éléments sous-jacents interviennent également : l'accord signé entre SFR et Bouygues Télécom dans les réseaux et le fait justement que Free ait besoin d'un réseau en propre. La location de celui d'Orange est temporaire, un rapprochement de Bouygues Télécom avec un autre opérateur pourrait libérer un réseau que Free aurait la possibilité de racheter. En effet, Bouygues Télécom ne pourrait se marier qu'en s'engageant auprès des autorités de la concurrence à céder une partie de son réseau mobile.

L'arrivée d'Orange comme potentiel repreneur est une demi-surprise. Sa direction estime depuis des mois que la réduction du nombre d'opérateurs en France est bien la clé de l'investissement dans le secteur. Manifestement, elle compte jouer un rôle de pivot dans la recomposition des télécoms françaises mais doit avancer de manière suffisamment habile pour ne pas contrarier les régulateurs. Il n'est pas impossible qu'Orange endosse ce nouveau rôle mais ce serait tout de même un retournement. Depuis vingt ans, c'est un désengagement de l'Etat qui s'est produit. En 1988, il sépare l'administration des télécoms de celle des  postes, les télécoms deviennent un exploitant de droit public puis une société anonyme en 1996. L'Etat se désengage progressivement du capital  jusqu'à ne détenir aujourd'hui que 27% du capital.

L'emploi serait préservé

Un rapprochement avec Bouygues passerait par une entrée de celui-ci au capital d'Orange. Un syndicat, la CFE CGC, s'en félicite, car les salariés sont actionnaires à près de 4% d'Orange et détiennent le quart du capital de Bouygues, l'esprit de l'actionnariat salarié serait renforcé. Surtout, cette option d'un rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom préserverait l'emploi. Depuis le début de la semaine et hier au Comité central d'entreprise de Bouygues Télécom l'hypothèse de suppressions de postes, entre 1 500 et  2 000 a été évoqué. Bouygues Télécom assure vouloir réduire ses structures pour rester seul maître à bord, mais agiter la menace de licenciements ne peut qu'accélérer le rapprochement. Une fois de plus les dirigeants de Bouygues sont proches du Gouvernement et maintenant d'Orange. 

Ces trois acteurs semblent agir de concert, pour limiter l'appétit de Free et contrer le nouvel ensemble Numericable-SFR. Un tir de barrage émanant d'Orange et de Free s'est par exemple déclenché contre ce dernier mardi lors du séminaire de l'Avicca. Les collectivités locales et les autres opérateurs doutent de la volonté de SFR-Numericable de déployer du Très haut débit. Bouygues avait d'ailleurs rappelé son engagement à déployer du très haut débit, c'était dans la perspective de racheter SFR et donc de donner des garanties, mais le sujet demeure et coalise contre SFR Numericable le même trio, Orange-Bouygues-Montebourg.

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