Fusion à 23 milliards de dollars dans les télécoms : Bharti et MTN
Il y a un an, l'une des plus importantes fusions de l'histoire des télécoms avait échoué, l'indien Bharti et le panafricain MTN ne parvenant à se mettre d'accord. Aujourd'hui, les négociations reprennent et pourraient aboutir à l'émergence d'un géant mondial.
(Source EuroTMT) Malgré la crise financière et les incertitudes économiques, les grandes manoeuvres reprennent dans les télécoms. Un an après avoir échoué à trouver un accord avec l'opérateur panafricain MTN, Bharti a annoncé, lundi 25 mai, être entré dans une nouvelle phase de négociations exclusives avec le groupe basé en Afrique du Sud. Dans un communiqué, l'opérateur mobile indien a précisé que l'accord en cours de discussions portait sur l'acquisition de 49 % du capital de MTN, ce dernier recevant en contrepartie 36 % du capital de Bharti Airtel, une partie de ces titres (11 %) étant distribuée aux actionnaires de MTN. Une opération évaluée par Bharti à 23 milliards de dollars. Des discussions concentrées sur l'organisation future Les deux partenaires se donnent maintenant jusqu'à fin juillet pour finaliser l'accord. Si les deux opérateurs semblent avoir déjà bien avancé dans les modalités financières de l'opération, reste à savoir maintenant s'ils arriveront à se mettre d'accord sur l'organisation opérationnelle du futur groupe. Il y a un an, les deux groupes avaient en effet échoué sur ces modalités pratiques : Bharti, comme MTN, réclamait la direction du nouveau groupe, l'opérateur africain voulant même faire de son alter-ego indien une simple division. Depuis, les deux opérateurs ont continué à se renforcer : Bharti a annoncé, à l'occasion de la publication de ses comptes du premier trimestre 2009 (son quatrième trimestre fiscal), avoir atteint la barre des 100 millions d'opérateurs, un cap lui aussi franchi il y a quelques semaines par MTN. Financièrement, les deux groupes sont aussi très proches. MTN affichait ainsi, à l'issue de son dernier exercice (2008), un revenu en croissance de 40 % à 8,8 milliards d'euros et une marge d'Ebitda de 42 %. De son côté, Bharti avait enregistré, à l'issue de son exercice clos le 31 mars, une hausse de 37 % de son chiffre d'affaires à 5,6 milliards et une marge d'Ebitda de 41 %. Mais en bourse, l'opérateur indien est mieux valorisé que son partenaire sud-africain : vendredi 22 mai à la clôture, Bharti valait en effet 34 milliards de dollars et MTN 27 milliards. Un nouveau géant pourrait voir le jour L'opérateur indien avait aussi annoncé, lors de la présentation de ses comptes annuels, de nouveaux objectifs ambitieux : gagner 100 millions de client supplémentaires dans les deux à trois ans qui viennent, un plan qui passe notamment par le déploiement de 100 000 stations de bases supplémentaires dans les zones rurales en Inde cette année. Si les deux groupes parvenaient à se mettre d'accord, c'est donc un nouveau géant qui verrait le jour, adossé à des marchés en forte croissance. Et avec de nouvelles ambitions. Selon le communiqué publié par l'opérateur indien, en cas d'accord, Bharti, dont la seule présence hors d'Inde est au Sri Lanka, serait en effet la plateforme d'investissements du groupe en Asie Pacifique, MTN devant lui se consacrer aux marchés africains. Pour autant, il semble que les deux opérateurs se soient mis d'accord pour réaliser leur rapprochement en deux étapes : une première purement capitalistique, puis une fusion des deux opérateurs dans un second temps. Selon le communiqué de l'opérateur, « l'objectif final est de réaliser une fusion complète de Bharti et MTN dès que possible ». Une façon de renvoyer à plus tard l'épineux problème du partage des pouvoirs et de l'organisation opérationnelle du nouvel ensemble. SingTel en embuscade A chaque fois (ou presque) qu'ils rencontrent la presse, la question leur est posée : SingTel a-t-il l'ambition de prendre le contrôle de Bharti Airtel ? Mais depuis que le puissant opérateur singapourien est entré, au début de la décennie, au tour de table de l'opérateur mobile indien, la réponse donnée par les dirigeants de SingTel est toujours la même : il s'agit d'un partenariat stratégique et le contrôle de Bharti doit demeurer entre des mains indiennes. Ce qui n'a pas empêché SingTel de grignoter régulièrement le capital de Bharti pour détenir jusqu'à 32 % des actions. Mais l'alliance en cours de constitution entre l'opérateur indien et MTN pourrait bien obliger SingTel à réexaminer sa stratégie indienne. Si Bharti affirme que le rapprochement en cours de discussions ne changera rien à la relation entretenue avec SingTel, la presse asiatique montrait une réaction pour le moins prudente de l'opérateur singapourien à l'annonce des négociations. Il est vrai qu'un ensemble Bharti - MTN, contrôlé par la famille de Sunil Mittal, deviendrait un acteur de poids sur le marché asiatique et pourrait contester à SingTel sa prédominance régionale.
