Fraudes fiscales et sociales : le datamining ne suffit pas
Dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale et sociale, le recoupement des données n'est utile qu'allié à une approche métier claire. Cette lutte fait miroiter des gains substantiels à l'heure où le gouvernement recherche des financements, la fraude faisant perdre entre 15 et 20 milliards d'euros à la France par an.
Dans le cadre d'une conférence organisée par le magazine Acteurs Publics le 3 juillet 2012, plusieurs experts sont intervenus sur le thème de la fraude fiscale et sociale. L'utilisation du Data Mining, soit le fait de recouper les données de divers services, est nécessaire afin de lutter contre les fraudes estime Rachel Magral, Directrice Secteur Public chez Logica.
Mais elle ajoute qu' « être capable de croiser les données n'est pas suffisant. Il faut pouvoir ajouter du sens métier derrière, identifier les données à analyser et les éléments suspects afin d'augmenter la détection ».
Emmanuel Dellacherie, directeur de projet fraude à la direction de la Sécurité sociale explique que « les fraudes sociales coûtent entre 15 et 20 milliards d'euros par an. 75 à 80% des fraudes proviennent des entreprises et 20 à 25% de la fraude des allocataires à la prestation sociale ».
Le député UMP des Yvelines Pierre Morange, président de la mission parlementaire d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité Sociale et membre de la commission des affaires sociales, explique que « sur toute cette manne, seuls 500 millions d'euros sont détectés chaque année, soit 40 fois moins que les montants réels ». Il estime donc qu'il est nécessaire d'agir au plus vite.
Photo : Photographie de la conférence (D.R)
Selon le Préfet Jean-Jacques Debacq, Directeur de l'Agence Nationale de traitement automatisé des infractions, l'informatisation et l'automatisation du service ont permis une amélioration notable des résultats et du service rendu.
Le député Pierre Morange affirme que « le sujet est voué à un terrorisme intellectuel de la part des politiques. La lutte contre la fraude est souvent vue comme une 'traque du pauvre' alors qu'il s'agit d'une 'traque aux fraudeurs' ».
Pour conclure, Rachel Magral de Logica explique que la prochaine étape dans la lutte contre la fraude sera d'effectuer des analyses en temps réel « au travers des réseaux sociaux (...) où se trouvent des données intéressantes publiques et ouvertes ».