France Télécom en plein questionnement sur sa stratégie dans les contenus
Le nouveau patron de France Télécom réexamine l'activité du groupe en matière de chaînes de TV. L'Autorité de la concurrence doit rendre son avis sur les exclusivités de l'opérateur d'ici juin 2010. Orange pourrait contourner les contraintes à venir en devenant distributeur de la TNT payante.
(Source EuroTMT ) Depuis l'annonce de l'arrivée de Stéphane Richard à la direction générale de France Télécom, le secteur s'interroge sur l'avenir du groupe dans les contenus. D'autant que depuis son arrivée, Stéphane Richard a multiplié les propos ambigus sur la présence du groupe dans l'audiovisuel. Et la présentation faite le 10 février dernier ne va pas calmer les rumeurs. En clair, l'opérateur tricolore garde ouvertes toutes les options, y compris une révision à la baisse de ses investissements. « Sur les grandes lignes de la stratégie dans les contenus, Stéphane Richard n'a pas de désaccord avec ce qui a été fait », affirme un bon connaisseur du groupe, qui poursuit « En revanche, et c'est normal, il souhaite examiner la situation pour savoir si des choses doivent être corrigées ». D'autant que l'incertitude juridique dans laquelle se trouve le groupe France Télécom complique la prise de décision. Saisie l'an dernier par le gouvernement pour examiner le problème des exclusivités d'accès aux contenus audiovisuels par les FAI, l'Autorité de la concurrence avait remis en cause le modèle mis en place par Orange qui distribue ses chaînes réservées à ses seuls abonnés triple-play. L'Autorité de la Concurrence s'était prononcée en faveur d'un modèle d'auto-distribution à la mi-2009, c'est à dire de diffusion des chaînes éditées par un opérateur sur d'autres réseaux que le sien. France Télécom conserverait seul la relation commerciale avec les abonnés à ses chaînes même au travers des réseaux de Free, de CanalSat ou de SFR. L'opérateur historique facturerait ainsi les abonnés à ses chaînes même au travers d'autres réseaux à qui il reverserait une partie des consommations. L'Autorité de la concurrence avait plaidé en faveur de la mise au point d'un projet de loi par le gouvernement pour édicter des règles et encadrer les cas où les exclusivités de distribution pourraient être autorisées. En réaction, le Premier ministre avait demandé à Marie-Dominique Hagelsteen, présidente de la section des travaux publics au Conseil d'Etat, d'examiner l'avis de l'Autorité de la concurrence et de ... (Source EuroTMT ) ... faire des recommandations. Si le rapport, remis au Premier ministre fin janvier 2010, soutenait l'Autorité de la Concurrence dans son choix de promouvoir un modèle d'autodistribution, il repousse l'idée d'un projet de loi et demeure assez vague sur la nécessité d'encadrer le marché de gros des chaînes payantes. Suivant le rapport, le gouvernement a donc décidé de ne rien faire. Et la balle est à nouveau dans le camp de l'Autorité de la concurrence saisie en contentieux par les opérateurs alternatifs. L'autorité doit rendre sa décision avant la fin du premier semestre de 2010. Reste que pour le moment, les effets anticoncurrentiels que craignent les concurrents de l'opérateur historique sur le marché du haut débit ne se sont pas produits. Au contraire, la part de marché d'Orange ne cesse de se dégrader ! En attendant cette décision, France Telecom examine les différents scénarios possibles. D'où les rumeurs sur une possible sortie du marché de l'édition de chaînes payantes. En fait, France Télécom aurait une alternative : devenir distributeur de la TNT payante et diffuser ses chaînes sur ce réseau. L'intérêt ? Pouvoir proposer une offre couplée « TNT - accès à internet à haut débit ». Des équipementiers proposent déjà des « box hybrides », couplant les flux de diffusion broadcast avec le trafic internet, permettant ainsi à un opérateur de contenu de garder (ou de prendre le contrôle) d'un nouvel abonné, quel que soit le fournisseur d'accès à internet retenu par cet abonné. Si cette évolution se confirmait, elle constituerait certainement un plus grand risque pour les opérateurs alternatifs, dans la mesure où France Télécom serait alors en capacité de récupérer les revenus générés par les services associés (VOD...).