FIC 2015 : Bernard Cazeneuve veut agir vite et fort
Après les attaques terroristes des derniers jours, le FIC 2015 n'est pas une édition comme les autres. Le Ministère de l'intérieur assigne de nouveaux objectifs à la cyber-sécurité avec un nouveau plan d'action.
Depuis vingt ans, rappelle Bernard Cazeneuve, le ministère de l'intérieur agit en matière de cyber-sécurité. Lui-même a porté la loi du 13 novembre 2014 et assuré, il y a juste un mois, la nomination d'un cyber-préfet, Jean-Yves Latournerie (en photo). Préfet chargé initialement place Beauvau de piloter le sujet et désormais de passer à la vitesse supérieure. Le ministre a donc annoncé à Lille, lors de ce 7ème FIC un plan d'action en six points. L'un d'eux constitue l'axe principal, c'est le renforcement des structures mêmes du ministère, en regroupant toutes les forces de sécurité dans l'analyse opérationnelle de la cyber sécurité.
Bernard Cazeneuve déroule une série de mesures. Par exemple, le renforcement de la veille avec tous les moyens technologiques disponibles. Il va développer au sein de la direction centrale de la police judiciaire, une sous-direction, remplace l'Office central de lutte contre la cyber-criminalité et sera rejointe par le centre de lutte contre cette cyber-criminalité, issu lui de la gendarmerie (il regroupe 1 800 gendarmes et correspondants technologies numériques). Des groupes de lutte contre les cyber-risques sont en cours de création dans la gendarmerie y compris aux échelons territoriaux. Le ministre souhaite également mieux former policiers et gendarmes.
Coopération très avancée avec l'Allemagne
Bernard Cazeneuve aligne d'autres mesures. En renouvelant l'analyse et les statistiques, le rapport annuel du ministère va se renforcer sur ce point de même que les données régulières issues des services. En sensibilisant le grand public, les entreprises et les collectivités territoriales. En renforçant le propre système d'information de son ministère, de manière à se montrer exemplaire. Il veut aussi participer activement à l'effort de R&D engagé par le gouvernement en matière de cyber-sécurité dans le but de protéger la souveraineté nationale. C'est en liaison avec le délégué interministériel aux entreprises de cyber-sécurité, Thierry Delville. Enfin, le ministre entend renforcer la coopération internationale, vaste programme, elle semble très avancée et spontanée avec l'Allemagne.
Le ministre français de l'intérieur insiste enfin sur deux points. D'abord le PNR (passenger name record) qui doit être discuté au Parlement européen. C'est le suivi du parcours de toute personne empruntant un avion. Si les compagnies aériennes donnaient accès à la police avec des données personnelles supplémentaires ce serait un formidable moyen d'information. La CNIL et ses homologues ne sont toutefois pas tout à fait favorables à ce projet que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne par exemple ont déjà mis au point. Deuxième sujet, Schengen qui entre également en ligne de compte, le but étant d'être plus efficace dans l'identification des étrangers, malgré et à l'intérieur de cet espace commun.
Des sujets sensibles, mais Bernard Cazeneuve rappelle que son action et ses développements en cours s'inscrivent dans le droit actuel, le modifier serait donner raison aux terroristes. « Ni sécuritaires, ni libertaires, nous travaillons dans l'exigence républicaine » rappelait en ouvrant le FIC, le général de gendarmerie Marc Watin-Augouard, fondateur de la manifestation et directeur du Creogn.