Fibre optique : trop de colloques, pas assez de décisions
Un an après l'annonce du Plan très haut débit qui doit permettre d'équiper tout le territoire en fibre optique ou en technologies alternatives, rien ne se passe. La sécurisation des financements de l'Etat et l'extinction du cuivre sont deux décisions très attendues.
Les colloques se suivent, les rapports aussi, mais le Très haut débit n'avance guère. C'est le sentiment de ceux qui y participent et d'une partie des intervenants qui ne peuvent rester pudiques trop longtemps. Tout le monde attend des décisions, des vraies, en fait deux décision, la première pour sécuriser l'investissement promis par l'Etat, la deuxième pour donner une date de basculement du cuivre vers la fibre. C'est le rôle de la Mission Champsaur qui doit remettre son rapport définitif au plus tard fin 2014.
Normalement Axelle Lemaire, la secrétaire d'Eta au numérique, va s'exprimer la semaine prochaine et devrait à cette occasion sécuriser les 3 milliards d'euros promis par l'Etat. Ils permettront d'amorcer le déblocage des autres investissements nécessaires, le montant total du Plan devant se situer entre 20 et 25 milliards d'euros. La France investit chaque année 10 milliards dans ses routes, renouveler les centrales nucléaires couterait 50 milliards d'euros, donc le Très haut débit reste dans des limites très raisonnables souligne Hervé Rasclard, vice-président de l'Avicca et président d'Ardèche-Drôme Numérique, lors des 8ème Assises du Très haut débit qui se sont tenues mercredi 9 juillet.
Un nouveau Ka Sat en 2020
En introduction, Bruno Le Maire ancien ministre aujourd'hui dans l'opposition, a souligné sa foi dans la fibre optique et suggéré de vendre des participations de l'Etat, dans ADP, Orange et Alstom afin de financer le fameux Plan qui doit équiper tous les français. Du moins, 80% d'entre eux, le reste venant de technologies alternatives ou « complémentaires » corrige le sourcilleux représentant d'Eutelsat, Jean-François Bureau, qui va lancer un nouveau satellite très haut débit un KaSat en 2020.
Cela ne suffit pas pour rassurer tous les intervenants. « Il y a des débats partout, mais rien ne se passe et ne se décide » lance goguenard mais dépité Xavier Vignon, Pdg de Sogetrel et vice-président de la Firip. Antoine Darrodes, directeur de la Mission Très haut débit devait quand même apporter des assurances. Il pilote les dossiers d'investissements qui émanent des collectivités locales et remontent au 1er Ministre. 56 dossiers lui sont parvenus à ce jour représentant 68 départements, 2 autres dossiers étant sur le point d'aboutir. Ils représentent un total de 7,1 milliards d'euros d'investissements. A ce jour, 35 dossiers, pour 2,1 milliards d'euros, sont bouclés, dont une vingtaine avalisée pour 600 millions d'euros. Une quinzaine de collectivités attendent les premières décisions du 1er Ministre avant de se décider.
Menaces sur le 1425-1
Dernier aspect, l'article 1425 alinéa 1 et 2, adopté il y a dix ans, par un amendement sénatorial avait donné la possibilité aux collectivités locales de lancer des DSP. Aujourd'hui, plusieurs amendements ou sous-amendements, bref de la cuisine parlementaire, tentent de revenir sur cette autonomie. Au grand dam des collectivités qui souhaitent également être décisionnaires au sein de la future Agence chargée de piloter le Plan très haut débit. Collectivités et gouvernements parviendront-ils à enfin amorcer la réalisation de ce Plan ? Les prestataires privés sont l'arme au pied. Et d'autre pays étrangers ont lancé depuis longtemps leur développement fibre optique.