Fibre optique : le retard français aux journées internationales de l'IDATE
Le DigiWorld Summit organisé par l'IDATE se tient à Montpellier les 19 et 20 novembre. Les journées sont consacrées au futur de l'Internet. Le rôle et le modèle économique de la fibre optique sont au coeur des débats.
Si la France est encore en phase de réflexion vis-à-vis de la fibre optique, en Asie, cette technologie est en passe de devenir aussi commune que l'ADSL. C'est ce qui ressort des premiers débats qui se tiennent à Montpellier les 19 et 20 novembre dans le cadre des Journées Internationales de l'Idate. Avec 24 millions d'abonnés au FTTH et 61 millions de foyers raccordés, le continent asiatique devance en effet largement les Etats-Unis (4 millions d'abonnés) et surtout l'Europe (à peine 3 millions d'abonnés). Et encore, sur le Vieux Continent, la situation est-elle très disparate entre les pays nordiques plutôt bien équipés et les autres, dont la France, qui sont à la traîne. Pour tenter de décrypter le marché français, les organisateurs de l'Idate ont organisé une table ronde réunissant notamment les quatre grands opérateurs concernés dans l'hexagone : Free, Orange, Numéricâble et SFR. Interrogés sur les déploiements de France Télécom, Yves Parfait, le responsable FTTH chez France Télécom a d'emblée reconnu que l'objectif d'un million de foyers raccordables d'ici fin 2008 « ne serait pas tenu. Actuellement, nous avons 17 000 abonnés et 500 000 logements raccordables ». Yves Parfait a ensuite laborieusement justifié ce retard par le fait que ces pré-déploiements avaient surtout servi de test « afin de voir s'il y a une vraie demande » et avaient permis à l'opérateur de valider son choix technologique, en l'occurrence, le GPON. Maxime Lombardini, le directeur général de Free a également reconnu que hormis sur Paris et quelques agglomérations (comme Montpellier), Free n'avait pas beaucoup avancé dans ses déploiements. « Mais c'est parce que l'offre de fourreau de France Télécom n'est disponible que depuis le 15 septembre » s'est-il justifié. Enfin, sur la différence de technologie adoptée par Free (l'Ethernet en point à point, par opposition au GPON) et le risque de ralentir la mutualisation avec les autres opérateurs, Maxime Lombardini est resté très ferme : « Nous sommes ouverts pour aller très vite sur le multi-fibre. En revanche, nous sommes complètement fermés sur le mono-fibre au pied de l'immeuble ». Amené à s'exprimer sur les projets de Numéricâble (104 000 abonnés au très haut débit) Arnaud Polaillon, le secrétaire général de l'opérateur s'est d'abord fait modeste : « En France, le câble a perdu la bataille du haut débit. Nous sommes un nain dans l'ADSL avec 5% de parts de marché mais nous ne voulons pas rater la révolution du très haut débit ». Arnaud Polaillon a confirmé que l'opérateur avait rénové 3,4 millions de lignes prêtes à être connectées en haut débit et que son réseau « était ouvert pour accueillir des offres de services ». En revanche, pas question d'avoir des offres de fourreaux « car sur notre infrastructure, il n'y a pas de place. Nous allons proposer de la fibre noire ». Au final, cette table-ronde montre que les projets de fibre optique en France pour les particuliers sont encore loin d'être aboutis et que le régulateur (l'Arcep) sera sans doute amené à intervenir fréquemment.