Faire réussir les éditeurs de logiciels français, par le PDG de Dassault systèmes
A l'occasion de l'assemblée générale annuelle de l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciel), mercredi 5 janvier dernier, le patron du numéro un du secteur du logiciel en France, Bernard Charlès, CEO de Dassault Systèmes a donné 5 idées pour développer ce secteur en France.
1ère idée : « on a tendance à séparer les logiciels et internet. Ils vont se rapprocher, former un seul secteur, avec l'essor des infrastructures à très haut débit ». Bernard Charlès souligne au passage le rôle des centrales numériques que l'Afdel réclame. L'Afdel place, en effet au premier rang, la création de grands partenariats public-privé (PPP) pour concevoir, construire et mettre en oeuvre les « grandes centrales numériques de calcul et de stockage » requises par le déploiement du Cloud Computing.
En s'appuyant sur une infrastructure physique et logicielle « à une échelle réellement industrielle », ces centrales numériques permettront de développer un nouvel écosystème, argumente l'Afdel, en proposant de nouveaux services en ligne pour les entreprises, l'éducation, la recherche, les administrations et les citoyens. Ces nouveaux Data Centers mutualisés devront être installés dans l'hexagone. Bernard Charlès s'affirme être prêt à en être actionnaire minoritaire. Ces centrales numériques joueront un véritable rôle de souveraineté économique en garantissant la sécurité et l'intégrité des données.
2ème idée, « le logiciel n'est limité que par notre imagination. A la fin, ce qui compte, c'est le niveau de services que l'on offre. Le logiciel est donc un élément majeur de transformation de l'économie et des processus d'innovation ».
3ème idée, on ne peut plus parler des pays émergents mais des « pays en forte croissance ». Finie l'idée de pays à bas coûts salariaux, "ils ont une foi incroyable dans l'avenir et dans les grands projets ». Et leur industrie est dans une logique d'autonomisation et non plus de sous-traitance. « La notion de coûts du travail, nous empêche de voir leurs efforts d'automatisation et d 'industrialisation ».
4ème idée, l'importance du numérique pour toute transformation. La virtualisation des finances a transformé la finance, la virtualisation des services va ...
Photo : Bernard Charlès, CEO de Dassault Systèmes (D.R.)
... changer de la même manière les services et une partie de l'économie. « Nous aurons des conséquences sur la valeur finale de nos offres et la manière dont nous les proposons ».
5ème idée, Bernard Charlès déplore les retards pris sur certains dossiers :
- La propriété intellectuelle et les brevets dont le dépôt coûte 10 fois plus cher qu'aux Etats-Unis. Sur ce sujet 23 des 27 pays européens sont pourtant d'accord.
- Le scandale du Small Business Act, où l'accord est général mais dont la traduction dans les pratiques administratives françaises est encore à venir.
- Les dossiers fiscaux enfin (TVA, impôt sur les sociétés, publicité) forment trois autres sujets douloureux.
A la suite de cette intervention, pour sa part, Pierre Gattaz, président de la FIEEC (La Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication), à laquelle adhère l'Afdel, mentionne plusieurs points.
D'abord, le fait qu'une pratique qui va dans le bon sens est celle du « bottom up » (du bas vers le haut ). Il l'a retrouvé dans les Etats généraux de l'industrie, lancés à l'automne par le ministère du même nom. Ensuite, la pratique, nouvelle pour les entreprises IT, de « chasser en meute » c'est-à-dire de se rassembler, comme l'ont fait l'Afdel avec la FIEEC, ou la FIEEC avec le Pacte PME et le comité Richelieu.
Pierre Gattaz a également repris l'idée, qui est loin de s'être imposée, de procéder aux réductions d'achat par l'innovation.
Il estime que l'Etat français utilise des spécialistes qui cherchent à réduire la dépense des ministères, sans voir plus loin, "comme des acheteurs de la grande distribution !» En Allemagne, ces « cost killers » de l'Etat demandent aux prestataires informatiques d'évoluer, d'innover, de réduire leurs coûts par ce biais plutôt que par des réductions brutales de leurs factures. Enfin, il n'a pas manqué de raviver le slogan de Laurence Parisot, celui du « besoin d'air » que l'on peut traduire par la nécessite de simplifier la règlementation.