... et Barack Obama souhaite supprimer les flicages d'Etat
La presse américaine se passionne pour un débat fondamental qui retient toute l'attention du Congrès : le dopage chez les joueurs de Baseball. Pendant se temps, dans l'ombre, se déroule une lutte sanglante entre partisans du flicage téléphonique et le parti Démocrate. Durant les semaines précédentes, les membres du Congrès ont demandé une prolongation de la loi antiterroriste autorisant les écoutes téléphoniques de citoyens américains reposant sur un « pouvoir discrétionnaire du Président ». Comme à l'accoutumée, l'invocation d'un terrorisme latent servant à justifier des mesures d'exception passe mal dans les rangs des Démocrates, qui souhaitent ne plus voir se prolonger ces dispositions relevant de l'Etat d'Urgence. Barack Obama et Hillary Clinton en font même un argument électoraliste, cela va sans dire. Plus surprenant, le Président Bush lui-même ne souhaite pas voir se prolonger cette loi d'exception -il préfèrerait que cette disposition soit « gravée dans l'airain » et transformée en loi -. L' ACLU, de son côté, milite pour la suppression pure et simple du « Protect America Act ». Le ton se durcit, et l'on peut voir fleurir sur YouTube une séquence vidéo diffusée par la fraction « dure » du mouvement Républicain. La vague Démocrate battra-t-elle de vitesse le forcing des Républicains ? Derrière ces questions de politique politicienne, c'est avec l'usager du téléphone -et d'Internet, car le PAA concerne également les transmissions numériques « intérieures »- que l'on joue. Comment tout cela a-t-il pu arriver ? C'est, disent certains sociologues, la conséquence directe d'une simplification du discours politique, d'une disparition du sens de la nuance. En situant l'ensemble des questions sous un éclairage crû, manichéen, simpliste, l'on masque les subtilités par lesquelles la question procède, les éléments sous-jacents qui orientent déjà la réponse. Peut-on accepter que des hordes de pédophiles et d'escrocs demeurent impunis ? Que des terroristes ourdissent des complots en profitant de nos infrastructures téléphoniques ? Qui donc pourrait sincèrement ne pas dire « non ». C'est oublier que la criminalité qui emprunte le chemin des TIC n'est ni plus importante, ni moins importante que dans d'autres canaux de communication, de transport et d'action. Les TIC, en revanche, offrent des possibilités bien plus fortes de surveillance du citoyen -donc un contrôle de ses actes, une maîtrise de son opinion, puisque conséquence d'une maîtrise du canal d'information lui-même. La lutte contre le cybercrime est nécessaire, la surestimation de ce même cybercrime un prétexte.