Entreprises : le Cloud hybride comme solution optimale
La vision de ce que serait le Cloud optimal a été présentée le 16 juin, à l'occasion d'une conférence organisée par le cabinet Mazars et Microsoft. Retenir une solution de type Cloud n'apparaît pas toujours pertinent.
« Le Cloud Computing n'est pas toujours économique » a averti Jakob Harttung, directeur Stratégie Commerciale chez Microsoft France lors d'une conférence organisée le 16 juin à la Défense par le cabinet Mazars. L'éditeur de logiciels américain prône en revanche l'usage du Cloud hybride, qui consiste à marier des ressources internes situées dans l'entreprise et des ressources situées dans un Cloud public.
Ce Cloud hybride permet d'allier les avantages du nuage. C'est à dire d'une part, l'élasticité des infrastructures, les économies réalisées et la facilité de déploiement d'une application, avec d'autre part, la sécurité et dans certains cas la performance du système d'information interne. Ainsi, toutes les entreprises ne doivent pas songer à migrer l'ensemble de leur infrastructure dans un Cloud public.
Dans leur stratégie, les entreprises doivent tenir compte de leur niveau d'activité, de sa saisonnalité, de leur système d'information actuel ainsi que de leurs besoins. A ce titre, Jakob Harttung précise : « plus la taille de l'entreprise est grande, plus il est intéressant de s'internaliser. Et, plus l'entreprise a de grands besoins, plus elle doit rester autonome ».
Pour que le Cloud puisse avoir une valeur ajoutée, il est préférable que l'activité soit variable et que la société soit face à des besoins d'élasticité en matière d'outils d'analyse et d'infrastructure. Dans certains cas le Cloud n'est pas optimal. Avec un niveau d'activité constant, les centres informatiques internes sont souvent davantage économiques que l'hébergement externe.
Jakob Harttung pointe également les contraintes réglementaires (CNIL, archivage fiscal) qui peuvent être un frein au Cloud Computing. En effet, certaines organisations gouvernementales se doivent de stocker leurs données dans leur propre pays. Pour elles, le nuage n'est pas envisageable.
David Luponis, Senior Manager chez Mazars en charge du développement de l'offre sécurité ajoute : « il y a un certain nombre de données qu'il ne faut pas mettre dans le Cloud, à l'exemple des données de gestion et de comptabilité ». D'autant plus que les Etats-Unis ont signé en 2001 le Patriot Act, stipulant que sur requête les pouvoirs judiciaires américains peuvent demander ...
...à visualiser les données présentes sur leur territoire. « Lorsqu'une entreprise passe au Cloud, elle doit revoir sa politique de confidentialité et poursuivre ses chantiers de sécurisation des données auprès des utilisateurs » ajoute-t-il.
Il précise par ailleurs que des entreprises sont sceptiques vis-à-vis d'une telle technologie. « Comment s'assurer que personne n'accède à leurs données et que leur intégrité est préservée ? » questionne-t-il. Les entreprises sont très sensibles lorsqu'il s'agit de leur politique de confidentialité. De plus, à cette question s'ajoute celle de la gestion des identifiants des utilisateurs au travers d'internet pour les Cloud publics et des droits d'accès.
Sur une interface web il est plus difficile de savoir qui se connecte à une application. Et sachant que l'hébergement est localisé hors de la société, l'entreprise ne dispose plus d'une maîtrise totale de ses serveurs. Elle dépend alors étroitement d'internet, sans lequel l'accessibilité à ses données et à ses applications est totalement rompue. Dès lors, il convient de disposer notamment d'accès à internet redondants.
Jakob Harttung et Arnaud de Saint Ours, Associé Mazars, identifient également les avantages que peut procurer le Cloud public. Il donne accès à de nouvelles fonctionnalités plus rapidement que par la voie traditionnelle, sans que leur mise en place ne soit retardée par les contraintes liées au système d'information.
Grâce au Cloud, l'entreprise accède plus facilement à des solutions sophistiquées, évitant ainsi les problèmes de compatibilité avec les autres applications et avec le matériel. De plus, la DSI n'est plus en charge de mettre à jour ses solutions, le tout étant géré par l'éditeur.
L'entreprise ne paie que ce qu'elle consomme. Enfin, le Cloud permet de contribuer à une politique de Green IT. Les serveurs consomment effectivement beaucoup d'énergie lorsqu'ils sont en internes, alors que les data centers des hébergeurs peuvent mieux gérer la consommation d'énergie. Jakob Harttung souligne que certains data centers sont composés non pas d'un ensemble de machines mais de containers qui se gèrent eux-même.
Le cabinet d'études IDC prévoit que les revenus issus du Cloud passent de 17,4 milliards de dollars en 2009 à 44,2 milliards en 2013, cette technologie ne sera pas sans conséquence. Les métiers de l'informatique devront s'adapter. De fait, Jakob Harttung est convaincu que « le Cloud est un vecteur de croissance du marché informatique. C'est une plateforme pour l'innovation ».
Photo : Jakob Harttung, directeur Stratégie Commerciale chez Microsoft France (Crédits : JG)