En rachetant Alcatel-Lucent, Nokia va former un groupe de 26 ME de CA
La nuit dernière, Michel Combes a réuni les 200 plus hauts dirigeants d'Alcatel-Lucent. Pour leur confirmer la vente de l'entreprise, la disparition du nom, mais aussi l'avenir d'un groupe de taille mondial, qui se nomera Nokia corporation.
Dans une conférence de presse tenue ce matin à Paris, les dirigeants de Nokia (Rajeev Suri, CEO et Risto Siilasmaa, chairman) et d'Alcatel-Lucent (Michel Combes, CEO et Philippe Camus président du conseil d'administration), ont précisé les premiers points de leur rapprochement.
En termes financiers, le nouveau groupe va atteindre 25,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, 12,7 venant de Nokia, 13,2 d'Alcatel-Lucent. La transaction valorise le franco-américain à 15,6 milliards d'euros, la vente s'effectue sur la base de 0,55 action Nokia pour une action Alcatel-Lucent. Les actionnaires de Nokia détiendront 66,5% du nouveau groupe, ceux d'Alcatel-Lucent 33,5%.
Sur le même sujetAlcatel-Lucent et Nokia confirment entrer en discussion pour former une seule entrepriseLe nouveau groupe aura son siège en Finlande et se nommera Nokia Corporation. Les noms d'Alcatel et de Lucent disparaissent donc. C'est définitif pour Lucent, côté Alcatel non. Alcatel-Lucent Entreprise reste le nom d'une société vendue par Alcatel-Lucent, mais elle devrait changer de nom. Des téléphones restent au nom d'Alcatel, ils sont réalisés et commercialisés par Alcatel Mobile Phone société détenue par TCL.
La direction au sommet est celle de Nokia
Le nouveau conseil d'administration comprendra 9 à 10 membres dont 3 désignés par Alcatel-Lucent. La direction au sommet est celle de Nokia, Rajeev Suri, CEO et Risto Siilasmaa, chairman, occupant les mêmes fonctions. Michel Combes, même s'il ne l'a pas confirmé en conférence de presse, a indiqué plus tôt dans la matinée quitter le groupe, une fois les opérations de rapprochement effectuées.
Elles ne manquent pas de consistance. Il faudra entamer pas moins de 9 négociations juridiques principales avec des autorités règlementaires ou de la concurrence dans plusieurs pays du monde. Sans oublier évidemment les instances du personnel.
Les dirigeants ont insisté sur la complémentarité entre leurs deux sociétés et leur ambition. L'opération du jour et celle d'hier consistent à bien communiquer, auprès des analystes, des journalistes, des pouvoirs publics français et des cadres dirigeants. Un exercice bien préparé. Risto Siilamsa a révélé que les négociations entre les deux groupes avaient commencé tout de suite après la vente par Nokia de ses activités mobiles, il y a un an tout juste.
Dans la continuité du plan Shift
Michel Combes et Philippe Camus pour leur part ont situé cette vente dans la continuité du plan Shift et du redressement, accompli selon eux avec succès de l'entreprise Alcatel-Lucent depuis deux ans. Michel Combes arrivé en février 2013, a rappelé que trois étapes étaient engagées, la 1ère pour redresser les comptes, la deuxième pour la relancer par les technologies (la 5G, mais il aurait pu parler du SDN avec la filiale Nuage), la troisième en 2015 est donc celle de la vente. Avec une complémentarité géographique, des points forts aux Etats-Unis (Lucent), en France (Alcatel) et en Europe (Alcatel et Nokia) en Chine aussi avec Alcatel-Lucent Shangaï Bell où Nokia va récupérer les 50% plus une action détenue jusqu'ici par Alcatel-Lucent, avec pour autre actionnaire, le gouvernement chinois.
Il reste évidemment à concrétiser le rapprochement. Déjà, la nouvelle direction indique vouloir procéder à 900 millions d'euros d'économies d'ici à 2019, ils passent par les grands classiques de l'exercice : réalignement de l'organisation, rationalisation du portfolio et des organisations, réduction des frais généraux (immobilier, logistique, support informatique) économies sur les achats. Nokia va même économiser sur les coûts de cotation en bourse. Les salariés attendent évidemment des précisions sur ces réductions de coûts.