En prison pour un message sur Internet ?
La presse américaine en est encore sous le coup de l'émotion. Utilisant un cavalier législatifs et un cadre de loi alibi pour faire passer un texte, comme cela semble se pratiquer allègrement dans d'autres pays, l'administration Bush vient de faire passer un loi pouvant conduire en prison l'auteur anonyme de propos jugés non pas diffamatoires, mais simplement « fâcheux » (annoying en anglais dans le texte). C'est en effet en utilisant le couvert d'une loi passe-partout traitant de violence conjugale, explique C-Net qu'un vieux texte initialement chargé de combattre les harcèlements téléphoniques s'est trouvé transposé au monde Internet. Schneier donne un éclairage assez confiant, mais l'EFF s'indigne et s'inquiète des dérives possible d'un tel texte. Les plus modérés précisent que l'ancien texte sur le harcèlement téléphonique n'a pas été utilisé à des fins particulièrement bigbrotheristes, et qu'au contraire, il a permis aux citoyens d'améliorer leurs vies privées en faisant peser une menace sourdre sur les télémarketeurs peu scrupuleux. En toute logique, cette transposition Internet évitera donc la multiplication de propos outranciers, voir insultants, impunis sous prétexte de liberté d'expression. Fort bien, rétorquent les opposants au texte. Mais la loi condamne les propos « indécents formulés avec l'intention de fâcher »... c'est quoi, au juste, une « intention de fâcher » ? Il est à remarquer que la publication de ce genre de texte à double tranchant est une constante des régimes néolibéraux. Des régimes qui, sous prétexte de sécurité, de protection et encadrés par la « sagesse et le discernement des hommes chargés de faire respecter la loi », enrichissent leur arsenal législatif de mesures de flicage de plus en plus intransigeantes. La différence entre le « faut pas craindre, on sait ce qu'on fait » et le « on vous avait prévenu » n'est parfois pas plus épais qu'une élection législative.