En dépit des interdictions, les infirmières américaines utilisent leur mobile personnel à l'hôpital
Les infirmières américaines utilisent leur téléphone mobile personnel au chevet du patient. Une pratique interdite par l'administration des hôpitaux et par le personnel informatique. L'arrivée des tablettes ne devrait pas résoudre le problème car elles sont rejetées par le personnel hospitalier.
L'univers de la santé vit un conflit en matière d'usage des téléphones mobiles. La situation existe aussi bien en France qu'à l'étranger. Aux Etats Unis, une nouvelle étude révèle que plus des deux tiers des infirmières utilisent leurs smartphones pour les communications cliniques. Pourtant, 95% des infirmières reconnaissent que les services informatiques des hôpitaux n'assurent pas le support d'un tel usage par crainte de risques en matière de sécurité.
Le rapport, intitulé «Santé sans limites: l'informatique sur les lieux de soins pour les infirmiers en 2012 », par Spyglass Consulting Group, souligne la collision des demandes d'information aux infirmières et les limites des technologies mobile et sans fil, sur le lieu de soins, en général au chevet du patient.
Les infirmières de l'enquête déplorent le manque de support du service informatique, et le personnel informatique est frustré par l'utilisation non sanctionnée et souvent explicitement interdite de dispositifs personnels pour les communications liées aux échanges cliniques. Le rapport est basé sur des entretiens téléphoniques approfondis avec 100 infirmières et infirmiers dans divers organismes de soins de santé dans 33 états des Etats Unis, en se concentrant sur les besoins d'information du métier d'infirmier et l'utilisation de la technologie mobile et sans fil pour répondre à ces exigences.
En outre, la majorité des infirmières de l'enquête se plaignent que les administrateurs d'hôpitaux font pression sur elles pour qu'elles documentent de plus en plus en profondeur les soins infirmiers réalisés. Il s'agit de satisfaire le nombre croissant de demandes gouvernementales, de maximiser les remboursements effectués par les tiers payeurs, et de protéger l'hôpital contre d'éventuelles poursuites, relate Gregg Malkary, fondateur et directeur général de Spyglass Consulting.
Les demandes croissantes d'information de santé créent du ressentiment. Par exemple, la majorité des infirmières dans l'enquête se plaint du fait qu'elles sont réduites à de simples collecteurs de données pour répondre aux exigences d'un « usage significatif » de l'informatique dans le domaine de la santé. Cet usage significatif est un ensemble de règles fédérales que les prestataires de soins doivent respecter pour bénéficier d'un financement incitatif en vertu de la loi « American Recovery and Reinvestment » de 2009.
Les infirmières transformées en extension du service informatique ...
Les infirmières transformées en extension du service informatique
Ne pas le faire peut conduire à des réductions massives dans les remboursements liés aux programmes Medicare et Medicaid, selon Gregg Malkary. Il a constaté que la majorité des infirmières interrogées disent que les exigences d'« usage significatif » de l'informatique sont presque entièrement centrées sur le médecin, en ignorant les données requises par les infirmières. Et elles déclarent qu'elles vont devenir simplement des extensions des propres exigences du service informatique afin d'assurer le respect des règles d' « utilisation significative ».
C'est cette demande d'information qui pousse 69% des infirmières de l'enquête à se servir de leurs smartphones personnels au travail. « Ces solutions comblent les lacunes de communication, mais elles ne sont pas sanctionnées par les équipes informatiques hospitalières», note le rapport Spyglass. Pourtant, une telle utilisation est interdite dans de nombreux cas.
Un analyste de systèmes informatique dans un hôpital universitaire déclare que, « l'administration de l'hôpital a interdit les communications personnelles des infirmières pendant les heures normales de travail. Les infirmières trouvées en train d'utiliser leurs appareils personnels pendant les heures de travail seront punies. »
L'utilisation généralisée des smartphones personnels est dû en partie au fait qu'ils ne nécessitent pas une intégration poussée avec les infrastructures informatiques. Les tablettes sont plus susceptibles d'avoir besoin « d'intégration importante», selon le rapport. Dans le même temps, ces infirmières sont profondément insatisfaites par les tablettes actuelles, y compris l'iPad d'Apple.
Interrogées pour savoir si l'iPad d'Apple était « prêt à transformer les soins infirmiers au chevet du patient», la quasi-totalité des répondants - 96% - a répondu «non». Elles ont donné de bonnes notes à l'iPad par rapport aux traditionnels tablettes PC fonctionnant sous Windows - car il est plus léger, plus intuitif, et a une durée de vie de batterie plus longue.
Impossible de désinfecter correctement un iPad ...
Impossible de désinfecter correctement un iPad
Pourtant, la tablette d'Apple, et celles sous Android, ne peuvent pas être correctement nettoyées ni désinfectées, manquent de durabilité, et sont affaiblies par le manque d'applications natives pour la santé. « Les infirmières interrogées estiment que l'iPad d'Apple ne serait pas l'appareil idéal pour une infirmière au chevet du patient parce que les exigences de documentation sont plus étendues et qu'elles ont besoin d'un grand écran, d''un clavier et d'une souris», selon le rapport.
Gregg Malkary va même jusqu'à dire que les infirmières ont "rejeté" les tablettes pour les processus de travail en soins infirmiers. De plus, un répondant sur 4 au sondage a déclaré être insatisfait de la qualité et de la fiabilité du réseau local sans fil de leur installation. Les problèmes de sécurité relevés par les administrateurs des hôpitaux et par les services informatiques sont multiples.
Les appareils mobiles peuvent être perdus ou volés, les employés utilisent peu des mots de passe forts et le cryptage des données, et ils peuvent télécharger des applications personnelles qui peuvent être des programmes malveillants. Parmi les recommandations Spyglass, les équipes informatiques doivent déployer des efforts beaucoup plus énergiques pour identifier les besoins des personnels hospitaliers en matière de technologie mobile.
L'informatique doit définir des politiques et des procédures applicables pour les appareils personnels sur le réseau de l'hôpital. Enfin, les ressources au help desk doivent comprendre du personnel qualifié dédié au soutien de la technologie mobile.