Editorial : HP, Intel, Dell, Cisco, vont-ils réussir à digérer leurs acquisitions dans la sécurité ?
Bizarre. A juste raison on n'a jamais autant souligné le poids des menaces, leur vivacité et surtout les failles créées par la transformation des entreprises : mobilité, collaboratif, cloud computing. Pourtant, plusieurs mastodontes de l'informatique semblent vouloir se séparer de leurs acquisitions dans ce secteur. Les raisons sont différentes.
Le 1er intervenant sur ce dossier ce sont les actionnaires. Ainsi s'explique la revente par HP, avant sa scission, de Tipping Point, filiale achetée en 2005 par 3Com, lui-même avalé cinq ans plus tard par HP. Pourquoi diable s'en séparer ? Les actionnaires ont tout simplement besoin de valoriser certains actifs. Chez Hewlett Packard Enterprise on nous explique que la sécurité est de toute manière présente dans toutes les offres. Pas faux. Mais le rachat de Tipping Point peut difficilement passer pour une réussite.
Chez Dell, le même raisonnement existe, et pourtant la la société est sortie de la bourse. Le fonds Silver Leak, présent au capital fait pression pour revendre, à peine acheté, la filiale RSA que possédait EMC. Et la direction de Dell aurait fait part aux analystes financiers de son souhait de se séparer, entre autres, de SonicWall. Il faut bien financer l'acquisition d'EMC.
L'autre grande cause d'une revente d'actifs dans la sécurité, semble tenir à la fois du réaménagement des frontières et de la mauvaise intégration des équipes. La première raison est invoquée par Intel Security pour expliquer la cession de plusieurs gammes de produits, issues du rachat de McAfee en 2010. Il vient aussi de revendre StoneSoft. Intel Security a peut-être mis un peu de temps avant de se décider et à indiquer comment s'intègrent ses acquisitions. Un vieux serpent de mer dans les acquisitions : comment intégrer les équipes, les produits, la R&D, assurer le support, poursuivre les contrats clients et partenaires ? La difficulté dans un rachat est aussi forte après la signature de l'acte de vente qu'avant.
Troisième possibilité, acheter des cibles très innovantes et de petite taille. C'est ce que font deux sociétés de taille aussi différentes que Bluecoat et Cisco. La première se spécialise dans l'activité de « Cloud Access Security Broker » CASB, avec les rachats de micro spécialistes. Cisco poursuit ses emplettes de niche avec Lancope, un spécialiste de la sécurité analytique, dont il était lui-même client. Un petit rachat à 400 millions de dollars. Mais Cisco a aussi racheté des sociétés plus importantes, comme IronPort totalement intégrée.
Les mastodontes du secteur ne réussissent vraiment dans la sécurité qu'en rachetant des acteurs de niche qui leur apportent une avance technologique de quelques mois. Ils sont relativement faciles à intégrer s'ils ont déjà noué des relations avec eux auparavant.