Dvorak : les opérateurs veulent la peau de WiFi
John Dvorak, un vieux loup de la meute Pournell-Dawson-, prend un coup de sang et vole au secours de WiFi, ce dernier bastion de liberté que tentent de supprimer les abominables opérateurs. Si le réveil soudain du vieil éditorialiste de PC Mag peut étonner par son coté tardif -les tentatives de récupération des réseaux « gratuits » par les opérateurs n'étant pas franchement un fait nouveau-, les chiffres que Dvorak avance sur la « culture sans fil » sont assez édifiants : 34 % des internautes américains ont utilisé WiFi pour surfer, contre 22% il y a deux ans. Près de 20 % des personnes possédant un accès Internet privé utilisent un réseau Wifi, contre 10% l'an passé. La moitié des personnes équipées de PDA ou de téléphones « compatibles Internet » ont utilisé cette fonction. Et les usagers du téléphone qui possèdent des terminaux compatibles http sont généralement incapables de savoir comment les utiliser. Pis encore, beaucoup d'entre eux ignorent même l'existence de ces « capacité de raccordement au réseau via le sans fil ». A tel point que, toujours selon Dvorak, il en résulte une telle confusion qu'il n'est pas rare d'entendre des gens parler de « connexion WiFi » alors qu'ils utilisent un lien EV-DO (en France, on pourrait dire 3G ou GPRS... bref, des transmission parfaitement facturées par les opérateurs). Une confusion largement entretenue par les publicités desdits opérateurs, montrant de jeunes cadres « branchés » en train de comparer les vitesses de téléchargement de leurs ordinateurs portables respectifs au milieu d'un parc paysager. Doit-on préciser que celui qui gagne la course est l'heureux possesseur d'une carte « ultrarapide » fournie par Sprint, entreprise peu réputée pour sa philanthropie et la gratuité de ses accès ? Mais, fait remarquer Dvorak, des accès WiFi gratuits, il en existe dans toutes les grandes villes. Seattle, San Francisco... et comment peut-on comparer sans sourire les 54 Mbps de débit physique -bientôt plus de 100 Mb/s en mode MiMo, gratuits de surcroît, avec les 384Kb/s de Edge ou les 2 Mb/s de ED-VO, facturés jusqu'à 70 $ par mois ? Dvorak oublie deux détails, deux arguments de poids : on ne peut, en théorie, comparer un réseau point à point comme l'est une liaison WiFi et un réseau commuté tel que le réseau de téléphonie cellulaire numérique. C'est d'ailleurs le principal argument qu'opposent les opérateurs à ce genre de discours. On ne peut non plus oublier que chacun de points d'accès « gratuits » que l'on découvre dans les métropoles américaines sont généralement eux-mêmes reliés à un routeur ADSL ou câble, ce qui gomme d'un trait toute riposte possible. Mieux encore, et compte tenu de la bande passante généralement disponible, il n'est pas impossible de pouvoir utiliser un protocole VoIP -Skype ou SIP- pour acheminer des appels voix-données. Alors, les opérateurs veulent-ils étouffer WiFi, ce vecteur de « manque à gagner » ? la réponse est « oui, sans le moindre doute ». La bonne question, à laquelle personne ne peut véritablement répondre, c'est « y parviendront-ils avant que les communications téléphoniques ne soient toutes gratuites, y compris celles émises et reçues sur un cellulaire ? »