Dur passage au tout TNT dans l'hexagone
Le déploiement de la TNT en remplacement du signal analogique (extinction prévue en novembre 2011) voit régulièrement des obstacles se mettre en travers de sa route. Le paysage cible prévu pour 2011 ne tiendrait plus la route.
(Source EuroTMT) Pas une semaine ne se passe sans qu'une nouvelle information ne vienne un peu plus plomber l'avenir de la télévision numérique terrestre. A vingt-huit mois de la date officielle de l'extinction du signal analogique qui est fixée à novembre 2011, le calendrier paraît de plus en plus difficilement tenable. Et ce n'est pas le dernier document publié par le CSA qui va ramener l'optimisme. Conséquence de l'abandon par AB1 et Canal J de leur canal sur la TNT payante, le CSA vient en effet de lancer une consultation publique sur la réaffectation de ces ressources. Mais il pourrait y avoir un problème : à l'issue de nouveaux travaux techniques réalisés avec l'agence nationale des fréquences, il apparaît que le paysage cible prévu pour 2011 ne tient plus la route. A l'origine, les pouvoirs publics s'étaient mis d'accord avec les acteurs de l'audiovisuel pour mettre en place 13 multiplex (dont deux réservés à la télévision mobile personnelle). Pas suffisamment de place dans le spectre De plus, la généralisation de la haute définition d'ici à 2014, nécessitant la capacité d'une double diffusion en numérique et haute définition, devait se traduire par la mise en place de quatre multiplex supplémentaires jusqu'en 2014. Or le spectre disponible et les objectifs d'une couverture nationale de 95 % de la population ne laissent pas suffisamment de place : l'accord conclu lors de la conférence mondiale des radiocommunications de Genève en novembre 2006 prévoit la mise en place de huit multiplex seulement. A condition toutefois, rappelle le CSA, que l'ensemble de la bande UHV soit attribuée à l'audiovisuel. Or, une partie de cette bande (les fréquences comprises entre 792 et 860 MH) a été allouée aux télécoms, pour faciliter le développement du très haut débit mobile. Un document qui a suscité très rapidement des commentaires plutôt acerbes. Côté Télécoms, les scénarios dégradent les objectifs de couverture Du côté des télécoms, on s'inquiète ouvertement du sens à donner à ce document. « Le CSA continue à se battre contre l'allocation des fréquences aux télécoms », affirme ainsi un professionnel, qui soupçonne l'autorité de l'audiovisuel de vouloir revenir sur cet accord. Une inquiétude d'autant plus forte que les pistes de travail proposées par le CSA semblent peu acceptables par le pouvoir politique : les deux scénarios évoqués aboutissent, d'une façon ou d'une autre, à dégrader les objectifs de couverture. En effet, le CSA propose soit de réduire le nombre de services diffusés en ne mettant en place que sept multiplex couvrant 95 % de la population (et un huitième multiplex pour 70 % de la population), soit on maintient un taux proche de 95 % en renégociant les fréquences dégagées en 2006 pour permettre de diffuser cette fois-ci 11 multiplex, mais en augmentant le nombre de sites d'émissions (1626 sites prévu par l'actuel plan cible). Or les pouvoirs publics nationaux sont déjà la cible de fortes critiques des collectivités locales (notamment par l'intermédiaire de l'Avicca), qui ont constaté qu'elles seraient obligées d'investir sur leur budget si elle voulait réduire le nombre de zones blanches. Le CSA avait déjà demandé un report L'association avait, d'ailleurs, déjà demandé récemment le report de la date de l'extinction du signal analogique pour mettre en place un plan permettant de combler les insuffisances du plan cible. Une demande restée sans réponse pour le gouvernement. Mais le document du CSA l'oblige maintenant à tout revoir. Sous peine de déclencher une belle pagaille en novembre 2011, à quelques mois de la prochaine élection présidentielle.