Deutsche Telekom sonne l'alarme

le 23/04/2009, par EuroTMT, Opérateurs/FAI, 725 mots

Le secteur des télécoms ne serait-il finalement pas en mesure de résister à la crise ? C'est ce que suggèrent les prévisions de Deutsche Telekom, revues à la baisse. Cette annonce pourrait amener les analystes à reconsidérer leur position vis-à-vis de l'ensemble des opérateurs européens.

Deutsche Telekom sonne l'alarme

(Source EuroTMT) Jusqu'au matin du mardi 21 avril, la croyance largement partagée par les opérateurs télécoms et les investisseurs que le secteur était « résilient » à la crise, cette croyance donc tenait la route. Les résultats financiers du quatrième trimestre 2008 publiés par les grands opérateurs avaient tous été bons et les premiers indicateurs sur 2009 confirmaient la bonne santé du marché, mis à part les cas particuliers de la Grande-Bretagne et, surtout, de l'Espagne. Et puis, le petit monde des télécoms a brutalement basculé dans la crise : provoquant la surprise des marchés et des analystes, Deutsche Telekom a lancé un avertissement sur l'ensemble de ses résultats 2009. Des prévisions revues à la baisse L'opérateur allemand, que tous les analystes considéraient pourtant, quelques heures plus tôt, comme l'un des plus solides acteurs, a en effet annoncé une révision en baisse de ses prévisions (hors effet de périmètre lié à l'acquisition des 25% du capital d'OTE). Et cette baisse est significative, puisque l'opérateur allemand prévoit maintenant un recul de 2 à 4% de son Ebitda, alors que lors de la présentation de ses comptes 2008 il avait annoncé la stabilité de son Ebitda, qui s'élevait l'an dernier à 19,5 milliards d'euros. Le groupe allemand a aussi revu en nette baisse son objectif de free cash-flow : il n'atteindrait que 6,4 milliards d'euros, contre un objectif initial de 7 milliards. Pour se rassurer et rassurer les marchés, Deutsche Telekom met en avant les bons résultats du premier trimestre : une hausse de 6% du chiffre d'affaires et une croissance de 3% de son Ebitda. Mais sans OTE, le paysage est nettement moins favorable : une stagnation des revenus et un recul de 3% de son Ebitda. En fait, l'opérateur historique allemand paie le prix de la crise économique en Europe : la chute de la consommation, les effets de change défavorables et les difficultés propres au groupe allemand sur certains marchés (comme la Grande-Bretagne) plombent les performances de plusieurs filiales. T-Mobile UK voit ainsi ses revenus s'effondrer de 21%, une baisse due pour moitié à la baisse de la livre par rapport à l'euro. Mais cette contreperformance sur le marché britannique ne va pas manquer de relancer les rumeurs sur l'avenir de Deutsche Telekom dans la téléphonie mobile anglaise, certains spéculant déjà sur une sortie pure et simple du marché. Les Etats-Unis demeurent le moteur du groupe Autre pays touché : la Pologne qui a vu sa monnaie baisser de 26% par rapport à l'euro en un an. Seul point positif : les Etats-Unis qui demeurent le moteur du groupe, malgré la crise économique qui a toutefois rogné la croissance. T-Mobile USA enregistre en effet un bond de 21% de ses revenus (+ 4% hors effet de change). Mais l'ensemble de ces annonces va, sans aucun doute, provoqué une révision en profondeur des prévisions des analystes sur l'ensemble des valeurs exposées notamment au risque des pays de l'Est. Ainsi France Télécom, qui devrait publier des comptes trimestriels en ligne avec les attentes, pourrait voir sa situation devenir plus difficile au cours des prochains trimestres, l'opérateur tricolore étant aussi présent en Pologne, en Slovaquie et en Roumanie, autant de pays frappés de plein fouet par la crise. De plus, certains analystes reconnaissent aussi qu'il est peut-être trop tôt pour appréhender le véritable impact de la crise sur les télécoms. Avec l'explosion du chômage, constaté depuis la fin de l'année dernière et qui devrait se poursuivre tout au long de cette année, les opérateurs télécoms pourraient ainsi enregistrer un recul des usages et donc du revenu moyen par abonné. Déjà, quelques opérateurs constateraient une baisse significative des consommations. La crise a peut-être fini par atteindre les télécoms. Un marché allemand au bord de la consolidation Annoncée depuis au moins deux bonnes années, la consolidation du marché allemand des télécoms va peut-être finir par se produire cette année. Mis en vente par son actionnaire italien Telecom Italia, HanseNet intéresserait plusieurs acteurs : Telefonica, United Internet (le principal FAI concurrent de Deutsche Telekom dans le DSL) et Vodafone. Trois acteurs qui cherchent à consolider ou renforcer leurs positions dans le haut débit. Mais le coût de l'acquisition pourrait faire réfléchir les candidats potentiels : la société allemande est valorisée autour du milliard d'euros.

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