Des smartphones virtualisés d'ici 3 à 5 ans

le 01/10/2010, par Jean Elyan avec IDG News Service, Terminaux et Systèmes, 1049 mots

Grâce à la virtualisation et à des processeurs multicoeurs plus rapides, les tablettes tactiles et les smartphones pourraient disposer de puissantes applications Cloud et de systèmes d'exploitation multiples. Rendez-vous dans trois à cinq ans. 

Des smartphones virtualisés d'ici 3 à 5 ans

Les prochaines générations de smartphones et de tablettes tactiles pourront exécuter plusieurs systèmes d'exploitation et faire tourner de puissantes applications reliées au Cloud telles que des jeux en Haute Défintion, grâce à l'utilisation progressive de machines virtuelles sur les appareils mobiles. 

C'est ce qu'ont déclaré des experts lors de la conférence Tech Linley Processor qui se tient à San José, Californie. « Des processeurs plus rapides permettront à ces appareils d'exécuter les applications plus rapidement, et la virtualisation pourra aider à une consolidation des applications, c'est-à-dire à un usage optimisé des ressources, » a déclaré Linley Gwennap, analyste pour le Groupe Linley. 

Déjà largement adoptée dans les salles informatiques, la virtualisation a contribué à optimiser les serveurs et à réduire les coûts énergétiques. La technologie pourrait à présent avoir un impact sur les appareils mobiles comme les smartphones, aider à la gestion de tâches critiques en temps réel et à la sécurisation des environnements logiciels hétérogènes. 

Le mouvement vers la virtuallisation est porté par l'arrivée d'appareils nomades de plus en plus puissants. Les utilisateurs devraient pouvoir profiter des avantages de cette future génération d'appareils mobiles dès la fin de cette année. Le fabricant coréen LG Electronics, par exemple, a déjà annoncé un smartphone Optimus avec un processeur Arm double coeurs cadencé à 1 GHz, capable de lire des vidéos HD en 1080p. Le terminal sera disponible fin 2010. Ce n'est qu'un des exemples de ces futurs gadgets mobiles qui pourraient tirer parti de la virtualisation.

« La virtualisation pourrait également entraîner une diminution du coût des smartphones et une augmentation de leur autonomie, » pense Steve Subar, PDG et fondateur de l'Open Kernel Labs. Cette entreprise développe une technologie de virtualisation pour les systèmes embarqués. La virtualisation permettrait aussi d'économiser sur le coût des puces intégrées au smartphone, puisqu'elle optimise l'usage de la RAM et de la mémoire Flash, notamment.  
Jusqu'à présent, l'évolution des smartphones a été contrariée par une puissance de traitement limitée qui imposait aux appareils de ne faire tourner qu'un ensemble d'applications spécifiques. Mais, à mesure que les appareils mobiles gagneront en puissance de traitement, la virtualisation pourra permettre aux utilisateurs de charger et d'exécuter plusieurs systèmes d'exploitation et de bénéficier de puissantes applications de Cloud Computing sur leurs appareils mobiles. 

Les smartphones et les tablettes sont avant tout des outils de communication et de réception pour la vidéo, les données et les services Internet hébergés. « Il sera possible de créer un environnement virtualisé pour fournir un service cloud spécifique, ou pour échanger des données avec un PC, » a déclaré Les Forth, ingénieur chez le fondeur Freescale. Par exemple, les utilisateurs seront en mesure d'établir une connexion à distance avec des ordinateurs à domicile pour exécuter des applications ou lire des fichiers multimédias en temps réel. 

« En utilisant un environnement distinct, la virtualisation pourrait également aider les utilisateurs à participer à des jeux multijoueurs en haute définition à travers le cloud, » a-t-il ajouté. L'environnement virtualisé pourra permettre de surmonter le fait que la plupart des applications sont écrites dans un code qui n'est pas compatible avec les systèmes d'exploitation des appareils mobiles. 

La virtualisation contribue déjà à ...

Illustration : démonstration d'une machine virtuelle sur smartphone lors du salon WMworld de Cannes en 2009



... fournir des communications en temps réel et des fonctions réseau essentielles au fonctionnement des smartphones. Elle facilite déjà l'usage de plusieurs systèmes d'exploitation et le cloisonnement des environnements pour exécuter des logiciels en toute sécurité. « On peut faire tourner un système d'exploitation en temps réel sur une partition virtuelle qui fournit une réponse en temps réel pour les tâches essentielles, et exécuter Android sur une autre partition, »explique Linley Gwennap. 

Mais faire tourner trop de systèmes et de logiciels puissants aurait pour effet de limiter la durée de vie de la batterie. Un hyperviseur qui isole les systèmes d'exploitation et les fonctions exécutées par les différents logiciels, est un élément important de la virtualisation. « Les hyperviseurs logiciels utilisés sur de nombreux smartphones consommeraient trop de cycles processeurs : ils passeraient beaucoup de temps à balayer le code et à gérer les protocoles de virtualisation, avec un impact sévère sur la durée de vie de la batterie, » explique encore Linley Gwennap. 

« D'ici à ce que l'on trouve des moyens pour préserver l'autonomie des batteries, les fabricants d'appareils mobiles peuvent d'ores et déjà envisager de charger les systèmes d'exploitation et les logiciels sur plusieurs coeurs, » a-t-il suggéré. Les Forth de Freescale confirme que l'intégration de deux systèmes d'exploitation sur des noyaux distincts pourrait minimiser l'effet sur la durée de vie de la batterie. « Actuellement, la plupart des smartphones et des tablettes tactiles sont équipés de processeurs Arm à coeur unique. Il faudrait limiter le système d'exploitation au strict minimum pour le faire tourner aux côtés d'un gros système comme Android, sans affecter la vie de la batterie. Dans un sens, on revient au problème classique que posent les grosses machines, sauf qu'il est maintenant déplacé au niveau des appareils de petite taille », poursuit l'ingénieur.  

Le matériel est déjà en cours d'amélioration pour rendre possible l'arrivée de ces technologies de virtualisation dans les appareils basse énergie. Les processeurs mobiles sont par exemple conçus avec des extensions permettant la mise en oeuvre de la virtualisation, notamment pour aider à réduire le nombre de cycles CPU. ARM a annoncé début septembre une puce Cortex-A15 MPCore capable d'exécuter plusieurs systèmes d'exploitation virtualisés.

Mais Steve Subar d'OKL fait remarquer que certains smartphones exécutaient déjà plusieurs systèmes d'exploitation sur des noyaux distincts, ce qui augmente effectivement le coût des systèmes et consomme de la batterie. Mais d'un autre côté, la virtualisation permet de réduire les matériels redondants pour réduire les coûts. « En outre, avec les processeurs multicoeurs pour mobiles, la virtualisation supporte la gestion du chargement et permet la mise en veille des processeurs, ce qui pourrait contribuer à réduire la consommation d'énergie, » a déclaré Steve Subar.

Regardant vers l'avenir, les observateurs pensent que la technologie de virtualisation pourrait changer la façon dont on utilise les appareils mobiles dans les trois à cinq ans. « Nous allons finir par tenir dans nos mains des ordinateurs de poche avec les capacités des PC actuels, » conclut Les Forth.

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