De l'interprétation de l'information et des métriques
Hacker Factor offre à ses lecteur une réflexion philosophique sur la pérennité de certaines « nouvelles technologies ». Et de citer quelques flops retentissants, tels les lecteurs Zip (ou les Bernouilli-box d'Iomega), le coprocesseur arithmétique d'Intel et les cartouches de backup à destination grand public... Qui donc se souvient du « standard » Travan ?. Et de prédire de la même manière un sort comparable aux transmissions par courant porteur. Voilà qui n'est pas très difficile, considérant qu'il s'agit d'une technologie de transmission sans-fil dont le principal argument est de se prétendre plus efficace que les transmissions sans-fil... ne serait-ce pas là ce que l'on appelle un sophisme, ou, plus exactement un enthymème ? Et Neal Krawetz d'enchainer sur une autre « technologie » Web 2.0 à la mode, les compilations d'informations géolocalisées à l'aide de Google Map. En américain, des « mashups ». Certains, constate l'auteur, ne sont pas d'une importance fondamentale. Ainsi la cartographie des atterrissages de soucoupes volantes ou des pubs offrant la bière la moins chère du pays -que ne trouvons nous pas une carte semblable s'intéressant au cours du Prieuré-Lichine -. A classer avec les statistiques mondiale du Spam ou le taux de croissance des virus dans l'hémisphère nord. D'autres, en revanche, retiennent l'attention, telle la carte mondiale des alertes sécurité majeures. On y repère la moindre alerte à la bombe, le plus petit déraillement de train, les accidents biochimiques, les attentats, les arrestations de terroristes réels et supposés... Et l'auteur de conclure que l'absence d'indicateurs en Chine et dans les pays de l'ex-URSS est le signe d'une censure drastique, le « mashup » en question reposant sur l'analyse de coupures de presse rédigées en anglais. Une explication qui devrait ainsi permettre de classer le Groenland, la Finlande, Madagascar, la Norvège ou l'Alaska au rang des dictatures les plus oppressantes du globe. A cet encan, la Confédération Helvétique renverrait la Grèce des Colonel au rang de bluette historique et le Luxembourg pourrait faire pâlir d'envie les nostalgiques du règne de Gengis Kahn. Le volume des fait-divers relatés par la presse est-il le reflet de la démocratie ? Dans ce cas, la série d'attentats surmédiatisés durant la République de Weimar, les colis piégés de l'Italie pré-mussolinienne auraient été les signes d'une formidable embellie des libertés individuelles dans les années 33. La presse, comme tous les indicateurs, est un capteur qui globalement ne fournit pas que des indications pertinentes quant à l'origine de l'alerte. La psychose de l'attentat est un véhicule parfois utilisé par les propagandes populistes et les campagnes de manipulation de l'opinion publique, vecteur indispensable pour distiller le sentiment d'insécurité qui favorise l'élection desdits régimes populistes. Pour que le « mashup » soit exploitable, il lui faudrait lui ajouter une dimension supplémentaire : la mise en perspective, la relativisation de l'information. Entre une attaque suicide provoquant le décès de 14 personnes, l'évacuation d'une gare après une alerte à la bombe (les jeudis jours d'interro écrite) où l'acte d'un déséquilibré, il existe une certaine marge d'appréciation. Tout comme il existe une certaine marge d'appréciation entre un véritable rootkit et un cookie légèrement trop indiscret, la découverte d'un ZDE qui n'a pas dépassé le laboratoire et un virus-macro simple mais efficace, ou une attaque DdoS en règle et une saturation de bande passante provoquée par un supernode Skype. « On surestime les dangers dont on connaît l'existence, on ne craint jamais les risques inconnus mais probables». Ce vieux poncif de la sécurité devrait être complété par un autre : On devrait toujours se méfier de ceux qui parlent de métriques.