Dans les réseaux, le monde open source serre les rangs
Le domaine des réseaux reste propriétaire, des initiatives open source cherchent à briser cette mainmise des fournisseurs sur leurs clients. Certains constructeurs, comme Cisco et Juniper jouent néanmoins les deux cartes.
On les savait proches et complémentaires. Désormais, c'est officiel, l'ONF (Open Network Foundation) et l'ETSI (European Telecommunications Standards Institut), annoncent une « collaboration stratégique » sur le SDN (Software Defined Network) et le NFV (Network Functions Virtualization). Ce dernier est une une technologie de virtualisation des équipements réseaux, tels que les commutateurs ou les routeurs. « On peut considérer NFV comme une bonne application du SDN », nous affirme Dan Pitt, directeur général de l'ONF. SDN peut en effet accélérer le déploiement de NFV, afin que les opérateurs puisse, via OpenFlow, adapter l'architecture de leurs réseaux et qu'ils répondent dynamiquement aux besoins des applications. « Soyez vos propres clients », résume Dan Pitt.
Sur le même sujetLes opérateurs intéressés par le NFV veulent accélérer sa standardisationCe dialogue entre les applications et le réseau passe par le « NorthBound » du contrôleur SDN, tandis que le « SouthBound », communique avec les équipements, physiques ou virtuels, afin de remplir les fonctions de contrôle. Si OpenFlow est le protocole défini et poussé par l'ONF pour réaliser cette tâche, rien n'a encore été standardisé côté applications. « Il est trop tôt, estime Brad Pitt. Nous laissons les initiatives se développer en mode open source. Les meilleures solutions émergeront alors d'elles-mêmes du marché. »
Au service des utilisateurs finaux
SDN est taillé sur-mesure pour les équipes réseau, comme la virtualisation des serveurs l'est pour les informaticiens. Mais cette technologie est également au service des utilisateurs finaux, qu'ils soient des entreprises ou des particuliers (services cloud par exemple). Jusqu'à présent, applications et réseaux s'ignoraient. SDN jette une passerelle entre ces deux mondes. « Bien sûr, les utilisateurs ne sauront pas que, s'ils bénéficient désormais de services plus variés et plus performants, c'est grâce au SDN, mais c'est le résultat qui compte », souligne Dan Pitt. Plus prosaïquement, cette solution permettra également d'améliorer la refacturation en interne, en indiquant combien de ressources telle ou telle direction métier ou fonctionnelle, tel ou tel service a utilisé.
L'adoption d'OpenFlow constitue une tendance forte du marché. Brocade vient, par exemple, d'annoncer l'intégration de la version 1.3 (la dernière en date) dans ses équipements. Des poids lourds du secteur, tel qu'Ericsson, ont fait ce choix. Reste que certains constructeurs jouent en parallèle la carte du propriétaire. Ainsi, tout en offrant une interface OpenFlow sur ses produits, Cisco propose également OnePK, convenant à merveille à son architecture ACI (Application Centric Infrastructure) et Juniper a mis en open source son initiative Contrail, jugeant la solution de l'ONF mal adaptée dans certaines configurations. Conséquence, l'utilisateur va se retrouver confronté à l'éternelle question : solution standardisée ou solution propriétaire, peut-être plus riche, mais le ligotant de nouveau à son fournisseur. Or l'un des buts de l'ONF était précisément de faire tomber cette mainmise du constructeur sur son client, qui caractérise depuis toujours le monde des réseaux. La bataille n'est pas gagnée d'avance pour l'ONF. Après tout Apple, l'exemple même du monde fermé cède, certes, du terrain face à la vague open source Android, mais il résiste plutôt bien.