Cybersécurité : la formation, des ingénieurs comme des dirigeants, devient la clé
L'UTT (Université Technologique de Troyes) est l'une des rares en France à développer des formations d'ingénieurs et d'enquêteurs numériques en cyber-sécurité. Elle veut aller beaucoup plus loin, à la fois par la formation continue de dirigeants d'entreprise et par la création d'un éco-système d'industriels.
Dans cette période très particulière en France, après une année 2014 marquée par l'affaire NSA et à quelques jours du FIC, l'UTT (Université technologique de Troyes) rappelle que la formation et la recherche sont les fondements de la cyber-sécurité. Cette université, qui compte 3 000 étudiants, 20 filières, 6 masters est l'une des rares en France à développer cette spécialité. Elle en recueille aujourd'hui les fruits en recevant 2 millions d'euros (moitié de l'ANSSI, moitié d'industriels) pour son programme EIC, Environnement intégration de la cyber sécurité.
L'UTT est par ailleurs labellisé IRT (Institut de recherche technologique), la partie universitaire des investissements d'avenir, assurée par l'Agence nationale de la recherche. Ces IRT sont conçus pour associer recherche publique et initiatives du privé. Dans le domaine de la cyber défense, il n'en existe que deux en France, dont Troyes. Le but de la recherche relèvera du big data et de la manière d'agréger des données différentes, avec des formats différents.
Le centre d'un éco-système
L'UTT va mettre en place un plateau technique, Cybersec, destiné à tester différentes solutions en place : datacenters, réseaux virtualisés, plates-formes d'investigation de terminaux nomades ou de tout support numérique. Autant d'initiatives qui devraient faire de l'UTT, non seulement un pôle d'enseignement et de recherche, mais le centre d'un éco-système, dans une région défavorisée économiquement. L'université travaille avec des « grands » comme Thales, Gemalto, Cassidian (EADS), mais aussi des PME (ArxSys, Picviz, Docapost, Hologram Industriess, exo Markina).
L'UTT met d'abord l'accent sur la formation, soit celle de ses étudiants avec plusieurs filières, soit celle des dirigeants d'entreprises qu'elle va mettre au point. L'UTT développe donc des compétences très spécifiques, avec 10 enseignants chercheurs et 4 ingénieurs spécialisés. Elle compte un master en « sécurité de systèmes d'information » avec 50 étudiants en 2ème année. Des partenaires l'accompagnent : Ageris, La Poste, l'Anssi, GN, Lexsi, BNP Paribas, le cabinet Bensoussan. 78% des ingénieurs formés sont en activité au bout de six mois, 100% ont signé un contrat avant même d'obtenir leur diplôme. Salaire moyen : 39 520 euros.
L'UTT n'est pas que dans la formation technologie, mais aussi dans l'enquête. En lien avec la gendarmerie, elle a conçu la licence professionnelle « enquêteur technologies numériques ». Un diplôme unique en France précise Reza Elgalai (en photo), responsable de cette licence. Cette formation est réservée aux services d'enquêtes de pays francophones. 20 gendarmes sont formés chaque année.