Cuba va-t-il développer ses télécoms mobiles ou filaires ?
La décision historique de l'administration Obama et de Cuba de rétablir des liens pourrait éven-tuellement offrir plus d'accès Internet aux cubains. Mais l'avenir de l'Internet dans l'île est sus-ceptible de dépendre davantage des politiques nationales que de l'action de fournisseurs ex-ternes.
Seulement 5% de la population cubaine est connecté au réseau Internet mondial, selon la Mai-son Blanche. Le gouvernement cubain a limité l'accès de ses habitants à la Toile. Même si les fournisseurs américains étaient autorisés à câbler le pays, cela ne veut pas dire qu'ils pourraient réellement le faire. D'autre fournisseurs que les américains ont d'ailleurs toutes les compétences nécessaires.
Dans un discours sur les changements politiques, intervenu mercredi, le Président Obama a salué "la décision de Cuba d'accroître l'accès à l'Internet pour ses citoyens", sans donner plus de détails. Quelle que soit la décision de La Havane, Cuba devra faire de son pays un marché attrayant pour les fournisseurs de services étrangers afin d'augmenter les connexions natio-nales et internationales du pays, selon Doug Madory, directeur de l'analyse Internet au cabinet de recherche Dyn.
Un seul câble sous-marin international
Cuba pourrait certainement utiliser plus de capacités Internet. Un seul câble sous-marin inter-national relie l'île, c'est avec le Venezuela. Il semble avoir été activé l'an dernier. Mais Cuba a seulement 1.275Gbps (bits par seconde) de bande passante totale le reliant au monde exté-rieur, selon le cabinet de recherche TeleGeography. L'île dépend en partie de lentes et coû-teuses liaisons satellites.
Les liaisons internationales ne sont pas les seules choses qui limitent l'utilisation d'Internet dans le pays. Les citoyens cubains ne peuvent obtenir de ligne que dans quelques endroits, tels que les cafés gérés par le gouvernement qui sont trop chers pour la plupart des gens. En 2013, Te-leGeography a rapporté que le pays comptait seulement 6 200 abonnés haut débit, dans un pays de plus de 11 millions d'habitants. Au mois de juin de cette année, le gouvernement a ou-vert l'accès Web dans 118 points supplémentaires, des hôtels et des établissements sélection-nez par l'Etat.
Suivre l'exemple du Myanmar
"Le facteur le plus limitant est donc la politique intérieure à Cuba", a déclaré Doug Madory. Plus que la question des infrastructures. Si Cuba veut vraiment promouvoir ce secteur, il pourrait bien suivre l'exemple du Myanmar. Historiquement isolé parmi les pays pauvres d'Asie du Sud-Est, il a récemment vendu des licences de réseau sans fil à deux fournisseurs de services étrangers, Telenor le norvégien et Ooderoo du Qatar. Ils ont considérablement élargi l'industrie mobile du Myanmar, qui avait été limité à un petit opérateur public. Le mobile est bien le moyen le plus rapide de se développer dans les télécoms. Les réseaux sans fil sont plus faciles et moins coûteux à déployer que les câbles. Cuba n'a pas encore commencé à profiter du haut débit mobile: en 2013, le pays comptait près de 2,3 millions d'abonnés mobiles, mais tous étaient sur les réseaux 2G à bande étroite.
Mais permettre un accès Internet plus large pourrait poser un dilemme pour le gouvernement cubain qui hésitera entre donner plus de liberté d'expression ou essayer de garder un oeil sur une industrie en croissance rapide.