Craig Mundie confond Picasso et pique assiette
Mundie, le « Chief Research and Strategy Officer »de Microsoft, vient en visite à Bruxelles afin de tenter d'expliquer à Jose Manuel Barroso, le Président de la C.E., les positions de ses employeurs quand à leur vision de la libre concurrence. Interrogé par nos confrères d'IDG News Service à propos des failles et autres instabilités du noyau Windows qu'il faut constamment corriger, Mundie aurait-eu une phrase malheureuse. Les programmes, explique-t-il en substance, deviennent de plus en plus complexes, et que le « software development [...] has not matured as an engineering process, it's still an art form ». Sous-entendant par là que l'Art est une sorte de création laissant une part d'à-peu-près insaisissable et inévitable. Une vision de l'artiste-fantaisiste et pique-assiette qui excuserait l'imperfection de « l'oeuvre » Microsoftienne. Les RSSI et chasseurs de faille seraient donc des bonnets de nuit chargés d'éradiquer toute forme d'Art au sein des Art-chitectures, chassant le « bémol » des symphonies binaires et boutant hors des « métaphores » et des « palettes graphiques » les retouches disgracieuses et pâtés malhabiles. Pourtant, l'art est la forme de création la plus rigoriste qui soit, une recherche de perfection et d'absolu qu'il est, hélas, assez difficile de retrouver dans une oeuvre logicielle, fusse-t-elle signée Microsoft. L'art, n'en déplaisent à ceux pour qui c'est avant tout un chiffre d'affaire ou une excuse à bugs, c'est ce qui résiste au temps car forgé pour que ce soit le cas. Avec un tel état d'esprit, l'on utiliserait encore du Windows 1.10 rédigé en assembleur. Ce serait mauvais pour les ventes et pas franchement idéal pour l'avenir de la gente développeuse. Et puis, avec de telles méthodes, difficile de postuler pour un poste de RSSI ou un fauteuil de CSO... faute de fautes... logicielles. Allons, Craig, c'est bien aussi, quand c'est ni du l'Art ni du... La véritable recette de l'art, celle que nous apprend Boileau, c'est exactement, rigoureusement, ce que Microsoft n'a jamais été capable d'observer : Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ; Que le début la fin répondent au milieu ; Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties. Et d'insister plus avant : Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. Les règles du « secure coding » datent donc du temps de Malherbe au moins. Mais ses oeuvres étant tombées dans le domaine public et relevant de fait de l'esprit « open source », il est logique de Redmond s'en méfie. Les RSSI, experts en sécurité, chasseurs de failles et « team » de codeurs d'exploits en Ruby peuvent respirer, Graig Mundie était certainement en train de plaisanter.