Consultation : Aimez-vous le Très Haut Débit ?
Ah !, qu'il est beau, le débit d'en haut, à qu'il est laid, le débit passé , chantonne le dernier rapport de l'Idate. Un rapport qui nous conte combien sera radieux un avenir pavé de fibres optiques, de réseaux « fiber to the node » ou « fiber to the home ». Seulement voilà... comme le précise le communiqué du Ministère de l'Industrie, la facture sera salée : 10 milliards d'Euros pour drainer les villes, 30 milliards pour alimenter les campagnes. Ca fait cher à la facture numérique et risque d'accroitre, du moins durant un certain temps, la fracture du même métal. Au regard de la lenteur du déploiement DSL dans les zones rurales (où les réseaux n'ont de rapide que les promesses électorales), et alors que la technologie en question ne demandait strictement aucune modification de l'infrastructure de transport, on peut se demander si le calendrier de l'Idate ne risque pas de s'étaler sur une échéance d'autant plus longue qu'elle est d'autant moins limitée. Et réciproquement. Quarante milliards à débourser, ca fait tout de même réfléchir. Surtout lorsque l'on comprend que, comme l'explique le communiqué, 70% de cette somme sera consacré à creuser de la tranchée et couler du béton, activité fort peu high-tech s'il en fut. Consolons-nous en nous disant que la technologie pourrait bien ainsi relancer l'économie nationale en vertu du principe « quand le bâtiment va, tout va ». En 1848, on appelait çà les « Ateliers Nationaux ». Mais avant de s'engager dans une voie aussi périlleuse que dispendieuse, le Ministre François Loos lance une grande Consultation Nationale visant à recueillir les avis de toutes les parties directement impliquées. Il semblerait que, compte tenu de l'investissement prévu -lequel, à n'en pas douter, sera largement dépassé-, chaque contribuable puisse se sentir libre de donner son opinion. Si certaines questions demeurent très générales et conservent une optique prospective certaine, d'autres, en revanche, sont surprenantes de précision. Ainsi la question 10 : « Dans quelle mesure, la perte de l'auto-alimentation énergétique pourrait-elle constituer un frein au remplacement de la paire de cuivre par la fibre optique ?... De prime abord, on pourrait croire que le Ministre se demande si la paysannerie française compte utiliser longtemps encore ces vieux postes S63 qui nécessitent du 45 volts ligne. A l'heure du Dect avec 4 combinés sans fil en promo à 30 Euros chez les 3 Redoutable Suisses à Roubaix ou sur les linéaires de Carrefourama, même un énarque trouverait la question saugrenue. A moins qu'un conseiller technique, soucieux de la pérennité des équipements, ne se soit posé la question du devenir des lignes RNIS, alias Numéris, celles là même qui vous expédient du 100 Volts sur les paires extérieures des RJ 45, histoire de jouer les Attila du routage et les Tchernobyl de l'Ethernet à la moindre erreur de brassage. Ou bien encore qu'un futurologue de Ministère n'ait pressenti l'impérieuse nécessité de gérer l'alimentation basse tension des périphériques VoIP, ou qu'un visionnaire fanatique du sans-fil n'ait pressenti un avenir glorieux du côté d'un standard trans-média compatible avec les installations « power over Ethernet » en 12 Vcc 500 mA. Une question semble pourtant absente de ce très respectable et très ministériel questionnaire : celle portant sur le développement possible d'une infrastructure nationale très haut débit par voie radio et utilisant un médium de retour plus lent, sur réseau cuivre. Si la question du drainage « descendant » haut débit va indiscutablement dans le sens de l'histoire, (piratage de films en TVHD, récupération de spam à grande vitesse, Personnage « hotbar » animés en trois dimensions/son THX et autres applications quasi indispensables à l'épanouissement du genre humain), la symétrie des débits n'est pas pour autant obligatoire d'un point de vue technique. Rien n'interdirait même d'imaginer une couverture métropolitaine ou régionale « one to many » via des émetteurs 40 GHz -par exemple, histoire de bénéficier d'un peu de bande passante- associée aux infrastructures actuelles -ADSL notamment- pour assurer la liaison de retour. Une sorte de « méga-minitel » en 12000/7,5 (12000 Mb/s-7,5 Mb/s), bien plus pratique à monter qu'un arrosage Vsat. On appellerait çà, à tout hasard, Hyperman4, le développement serait confié à Thomson/Thales, et même en admettant que tout çà nous coûte aussi cher qu'un réseau 3G, çà ferait nettement moins de tranchées à creuser.