Concilier SI existant et Web 2.0 : les atouts de l'Architecture d'Entreprise

le 07/06/2010, par Thierry Lévy-Abégnoli, Infrastructure, 941 mots

Pour son 10e anniversaire, le Club Urba-EA a organisé un forum sur les problématiques auxquelles le concept d'Architecture d'Entreprise est susceptible d'apporter des solutions. Il pourrait notamment aider la DSI à concilier SI traditionnel et Web 2.0, dont l'intérêt a été largement débattu.

Concilier SI existant et Web 2.0 : les atouts de l'Architecture d'Entreprise

À l'occasion de son 10eme anniversaire, le Club Urba-EA (Enterprise Architecture) a organisé le 3 juin dernier un forum sur le thème de « Evolutions économiques, sociétales, technologies : quelles perspectives pour l'Architecture d'Entreprise ? ».

Comme l'a rappelé en introduction son fondateur René Mandel, « ce club s'attache à fédérer sa centaine d'adhérents, à promouvoir de bonnes pratiques en matière d'Architecture d'Entreprise et à favoriser les échanges d'expériences. » Le club Urba-EA, qui nourrit des liens forts avec le Cigref, a également publié trois ouvrages mais s'interdit de chercher à définir des normes.

Au programme de l'évènement du 3 juin, les débats ont notamment  vu les interventions de Georges Epinette, DSI du groupement des Mousquetaires,  de Jean-Christophe Lalanne, directeur du CIO Office d'Air-France KLM, de Christophe Bardet, directeur central marketing & développement chez la mutuelle MMA, de Hervé Gouëzel, conseiller de la direction générale, head of integration Fortis chez BNP-Paribas.

Des métiers qui demandent davantage d'agilité à la DSI
Christophe Bardet (MMA) a parfaitement résumé les attentes de nombreuses directions métiers. « Nous avons besoin de réduire considérablement le délai de 18 mois actuellement nécessaire pour développer une nouvelle offre, et cela avec davantage d'agilité, selon un processus interactif et itératif permettant d'éviter la rédaction d'un gros cahier des charges suivie d'une attente de plusieurs mois », a-t-il expliqué, tout en exprimant également son désir d'un SI plus ouvert.


Christophe Bardet, directeur central
marketing & développement chez MMA.


Photo (de gauche à droite) : Jean-Marie Chauvet (Dassault), Marc de Fouchécour (NexModernity), Hervé Gouezel (BNP Paribas), Henri de Maublanc (Aquarelle.com), Christophe Bardet (MMA), Jean-Christophe Lalanne (Air France KLM), Georges Epinette (Groupement des Mousquetaires).



Jean-Christophe Lalanne (Air France KLM) a pour sa part exprimé la nécessité de réaliser un véritable grand écart. « D'un côté nous avons une application qui existe depuis 41 ans et d'un autre côté, nous avons pu développer en seulement six mois un nouveau produit, en nous appuyant sur notre démarche d'urbanisation et de SOA », a-t-il donné en exemple.

Il a également évoqué l'étonnement de sa direction générale au sujet du fait que la DSI n'avait pas encore réalisé d'application iPhone (qui arrivera finalement fin juin). « Pour ce genre de développement, il faut adopter une nouvelle approche qui permet de répondre rapidement aux attentes, sans pour autant chercher l'hyper-fiabilité qui était jusqu'alors la norme », a-t-il résumé.

Georges Epinette (groupement des Mousquetaires) a formulé autrement ce qui tourne autour de la même idée : « il faut réaliser un SI durable alors que la tendance est dans l'immédiateté. »

Gérer des initiatives Web 2.0 spontanées
Cette immédiateté se traduit par des initiatives spontanées de la part des utilisateurs. Tel est l'un des thèmes qui fut développé par Marc de Fouchecour, partner chez Next Modernity, un prestataire spécialisé dans les réseaux sociaux d'entreprises.

L'exemple qu'il a cité est particulièrement révélateur : « dans une entreprise du CAC 40, les utilisateurs ont spontanément ouvert un service Yammer - sorte de Twitter interne - qui a rapidement rassemblé 7000 utilisateurs désireux de partager très rapidement des informations. L'initiative est remontée jusqu'à la direction générale qui a décidé qu'il valait mieux au bout du compte ne pas fermer le service. »

Mais d'autres entreprises freinent au contraire des quatre fers. « Le Web 2.0 est pourtant complémentaire du SI traditionnel », a-t-il conclu, citant l'exemple du nuage Islandais. « Des voyageurs se sont exprimés sur Twitter et des employés de KLM leur ont répondu », a ainsi ajouté Marc de Fouchecour.



Henri de Maublanc, fondateur d'Aquarelle.com (un site web de vente en ligne), a ébauché les contours de cette intégration entre le SI et le Web 2.0. « Des éditeurs comme SAP, Salesforce ou Dassault Systèmes introduisent des outils de chat et de réseaux sociaux dans leurs produits », a-t-il expliqué, tout en confirmant l'intérêt de telles fonctions. « Elles permettent de fluidifier la communication entre les gens et ainsi, de mieux exploiter la capacité humaine à gérer l'exception par la communication. »

Pour autant, a soutenu Hervé Gouëzel (BNP-Paribas), cette liberté grandissante que le Web 2.0 confère aux utilisateurs doit être contenue. « Le rôle de l'architecte est d'anticiper afin que demain, il soit plus facile de bouger le système d'information. Pour cela, on doit lui donner un vrai pouvoir, notamment celui de freiner les métiers lorsqu'ils souhaitent développer des applications qui ne rentrent pas dans cette stratégie », a-t-il insisté.

Les cinq défis des prochaines années
Christophe Longepé, président du Club Urba-EA, a refermé l'événement en récapitulant les cinq défis des prochaines années, largement exprimés par les différents participants :

- Se recentrer sur les personnes plutôt que sur les informations, en opérant un big bang relationnel qui passe notamment par le déploiement de réseaux sociaux d'entreprise,

- Concilier liberté et ouverture des frontières du SI avec les exigences de sécurité mais aussi réglementaires,

- Parvenir à gérer la complexité liée à l'augmentation exponentielle des volumes de données et à leur dispersion croissante,

- Faire naître le nouveau SI sur la base de l'ancien, sans faire table rase mais plutôt selon un mouvement perpétuel.

- Redéfinir le positionnement de la fonction du DSI.


Christophe Longepé, président du Club Urba-EA

Christophe Longepé souligne que l'Architecture d'Entreprise peut aider à atteindre les quatre premiers objectifs dans la mesure où elle se définit comme « l'art d'apporter des solutions le plus rapidement possible à l'entreprise et aux clients, en intégrant des éléments du SI existant et de nouvelles composantes, notamment issues du Web 2.0. » Quant au cinquième défi, il passera par des architectes d'entreprise câblés pour faire le liant entre les différents métiers de l'entreprise, par opposition à une approche en silos.

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