Completel-Altitude : consolidation dans les télécoms d'entreprise
(Source EuroTMT) On note que c'est avec près de trois semaines de retard que Completel a enfin pu annoncer, lundi 15 novembre, le rachat d'Altitude Telecom. Une première conférence de presse, programmée le jeudi 21 octobre, avait, en effet, été annulée à la dernière minute. Est-ce en pensant à ce délai supplémentaire que Pierre Danon, le PDG du groupe Numéricâble-Completel, a indiqué que ce rachat avait fait l'objet de longues négociations avec Jean-Paul Rivière, le fondateur-propriétaire d'Altitude Telecom ? Toujours est-il que Pierre Danon s'est, bien évidemment, félicité de cette opération, surtout pour mettre la lumière sur un élément crucial pour le câblo-opérateur : le soutien du pool bancaire.
Pour mémoire, le consortium bancaire constitué par Calyon avec BNP et HSBC, avait financé en août 2007, à hauteur de 500 millions d'euros, le rachat de Completel par les actionnaires de Numéricâble, c'est-à-dire le fonds d'investissement Cinven et Altice, le holding de Patrice Drahi.
Selon le récit fait par le PDG de Numéricâble-Completel, ce consortium bancaire a largement financé le rachat d'Altitude Telecom dont le prix de vente n'a pas été rendu public. Quant aux actionnaires de Completel (outre les deux déjà cités, il faut ajouter Carlyle qui fait partie du tour de table depuis début 2008), ils ont pris une partie du financement à leur charge via une nouvelle injection de fonds.
Il est vrai que les performances de Completel, opérateur spécialisé dans les services pour les entreprises ont de quoi les rassurer. Depuis 2007, le chiffre d'affaires de Completel est passé de 289 millions d'euros à 396 millions (à fin 2009) et son Ebitda a grimpé d'une cinquantaine de millions à 108,8 millions.
D'autre part, les deux opérateurs sont plutôt complémentaires. Completel a développé un important ...
Photo : Pierre Danon, PDG de Numéricâble (D.R.)
(Source EuroTMT) ... réseau en fibre optique, et il est présent dans une soixantaine de grandes villes. Il a, comme clientèle majoritaire, les PME. Altitude Telecom, dont les revenus s'élèvent à 60 millions d'euros, ne dispose pas d'infrastructures en propre mais s'est spécialisé dans les services de données pour les grands comptes (grandes entreprises et administration).
Première synergie évidente : l'économie de coûts (non chiffrée) induite par la migration des clients de la société normande sur le réseau de Completel. Comme l'a précisé Eric Dunoyer, le directeur général adjoint de Completel en charge des services aux opérateurs, quelque 40 % des 30 000 lignes DSL d'Altitude sont ainsi accessibles par le réseau de Completel.
Pour le reste, Pierre Danon a éludé les questions, indiquant simplement vouloir maintenir l'autonomie d'Altitude en 2011. Mais, il n'est pas impossible qu'une intégration plus poussée ait lieu par la suite, tout en maintenant le site normand d'Altitude. Celui-ci est installé à Mont-Saint-Aignan dans la banlieue de Rouen, région dans laquelle Completel ne dispose pas d'implantation. Au final, l'opération va permettre à Completel de consolider ses positions sur un marché du BtoB que se partagent maintenant trois acteurs : Orange Business Services, SFR Business Team et Completel.
Une fois le rachat finalisé (après accord de l'Autorité de la Concurrence prévu au plus tard pour le début de 2011), le nouvel ensemble Completel - Altitude Telecom devrait approcher les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires et capter environ 9 à 10 % du marché tricolore BtoB.
