Comment Telecom Italia peut-il s'en sortir en Argentine ?
Alors que Telecom Italia a pris le contrôle de Telecom Argentina, l'autorité de la concurrence argentine envisage d'y mettre fin. En effet, Telefonica est entré, certes de manière minoritaire au capital de Telecom Italia, le plaçant selon l'organe de régulation argentin en situation de monopole.
(Source EuroTMT) Pour essayer de débloquer la situation en Argentine, l'opérateur Telecom Italia a demandé à l'Union européenne de défendre ses investissements et ses intérêts en Amérique Latine. Et pour augmenter la pression sur Bruxelles, l'opérateur a obtenu le soutien de plusieurs députés européens et de l'Etno, l'association européenne des opérateurs.
« L'exécutif doit faire pression sur les autorités argentines pour que les principes des Etats de droit soient respectés » ont écrit les parlementaires européens dans une lettre adressée au président de la Commission européenne José Manuel Barroso et au commissaire européen au Commerce extérieur Karl De Gucht. Du coté de l'Etno qui parle de confiscation effective et intolérable de la participation de Telecom Italia dans Telecom Argentina, le son de cloche est identique.
Face au déploiement d'une telle armada, reste à voir comment réagiront les Argentins qui n'ont pas l'intention de faire marche arrière. Le fait est que durant les derniers mois, le ton est monté de plusieurs crans entre Telecom Italia et le gouvernement argentin.
Dans un premier temps, la commission antitrust argentine (CDNC) a ordonné à l'opérateur de céder la part qu'il détient dans le holding Sofora qui contrôle Telecom Argentine, selon les modalités établies par les autorités locales.
Pour obliger les Italiens à baisser la tête, le gouvernement Kirchner a enfoncé le clou en déclarant que l'opérateur argentin pourrait être nationalisé. Mais en février dernier coup de théâtre. La Cour du tribunal pénal de Buenos Aires, ...
Photo : Siège de Telecom Argentina à Buenos Aires (D.R.)
(Source EuroTMT) ... s'aligne sur la décision adoptée à la mi-janvier par le Tribunal de Buenos Aires qui avait annulé le diktat du CDNC.
L'affaire a rebondi le 12 mars dernier lorsque le tribunal administratif de Buenos Aires, publie un dispositif suspendant les conseillers de Telecom Italia de leurs fonctions. Normalement, cette décision aurait dû mettre un point final à la querelle qui a commencé en 2007 lorsque Telefonica est entré dans le capital de Telecom Italia.
Mais les Italiens qui n'ont aucunement l'intention de lâcher le morceau, viennent donc d'ouvrir un nouveau front en saisissant l'Union européenne qui connaît déjà bien le dossier. Le fait est que des pressions ont déjà été exercées à plusieurs reprises sur Bruxelles par des politiciens et des industriels italiens.
Mais pour le gouvernement Kirchner, il n'y a aucun doute. L'entrée de Telefonica, qui contrôle le deuxième opérateur argentin Telefonica Argentina, dans le capital de Telecom Italia, a crée une situation de monopole !
D'où l'obligation selon Buenos Aires de briser le cercle infernal. Des pressions de l'Europe feront-elles bouger l'Argentine ? C'est tout le pari tenté par Telecom Italia.