Clearstream, le cercle des forensics disparus
La presse américaine suit, de loin en loin, les méandres de l'affaire Clearstream, dans les colonnes de The Economist ou de The Age. Beaucoup de bruit de fond, et un niveau d'information très faible. La seule remarque pertinente est émise -sans trop de surprise- par Bruce Schneier : « n'apprécierions-nous pas quelques renseignements techniques à la fois sur l'effacement des données (ndlr effectuées par le Général Rondot sur son disque dur) et sur les techniques de recherche de preuve » employées par la justice ? Un « maître espion » qui ignore tout des techniques de récurage de plateau de Winchester, c'est assez improbable. Un simple « auditeur » qui, au fil des enquêtes, est confondu avec un « hacker » (au sens « pirate » du terme), voilà qui est également fantaisiste. Des données qui disparaissent et réapparaissent au grès des investigations, laissant supposer soit de formidables progrès techniques en l'espace d'un an, soit une incompétence crasse de la part des premiers experts nommés, voilà encore quelque chose qui ne s'explique, pour l'instant, que par des effets de manche et des « informations confidentielles » distillées à des journalistes ne connaissant rien aux choses de l'informatique. Les détails techniques que souhaite Bruce Schneier sont présentés, pour l'instant, comme des opérations chamaniques. La question est donc moins de connaître les dessous politiques couverts par une enquête en cours, que de tenter de cesser de considérer les citoyens et lecteurs pour de parfaits demeurés, incapables de comprendre le travail des experts et de faire la différence entre une récupération de fichier et un « déchiffrement » de document. Fort heureusement, le Sans publie avec un à-propos confondant, un papier intitulé Secure File Deletion: Fact or Fiction?. Un article dont nous ne saurions que conseiller la lecture à tous les Généraux en retraite (de 1 à 4 étoiles), aux informaticiens consultants, aux banquiers, aux Ministres de tous bords et aux papetiers spécialisés dans la fourniture de feuilles à bandes Carol destinées à l'impression de « listings ».