Citrix en vente, quels sont les acheteurs les mieux placés ?
Au mois de juillet dernier, le fonds vautour Elliott Management obtenait un siège au conseil d'administration de Citrix. Il veut placer l'entreprise entre deux options, se séparer de certaines lignes de produits ou bien se vendre en totalité.
Fondée en 1989, Citrix a su répondre, tout au long de son parcours, aux nombreux défis posés par ses concurrents. Il a également développé une forte base d'utilisateurs. Mais désormais, selon l'agence Reuters, les investisseurs veulent faire pression sur l'entreprise pour une cession partielle ou totale d'actifs. Des investisseurs qui peuvent manquer de vision à long terme.
La menace la plus importante pour Citrix est le développement de méthodes alternatives pour accéder à l'information. La progression de l'informatique mobile et celle du cloud sont en passe de changer le marché. Les applications se tournent vers des formules en SaaS et deviennent dans le même temps de plus en plus cross plateformes, souligne David Johnson, analyste chez Forrester. Elles ne dépendent plus de Windows et fonctionnent à travers un navigateur et un plus large éventail de systèmes d'exploitation natifs.
Pas d'inquiétude pour les clients
« Ces plateformes alternatives érodent une partie de la proposition de valeur de Citrix », poursuit David Johnson. Et, tandis que Citrix négocie avec ces plateformes alternatives, il se retrouve toujours confronté à la concurrence de Microsoft et de VMware aussi bien dans les postes de travail que sur la virtualisation des serveurs. Les analystes ne montrent néanmoins pas d'inquiétude pour les clients de Citrix, en raison de la solidité de l'entreprise, comme nous l'explique Charles King du cabinet d'études Pund-IT.
En cas de vente totale, les deux sociétés qui offriraient la meilleure issue pour Citrix sont Dell et HP. Elles ont développé l'une et l'autre des relations très profondes avec Microsoft et sont des acteurs majeurs sur les marchés où Citrix est lui-même très implanté. Dell comme HP vendent du client léger, des appareils conçus pour fonctionner dans des environnements de postes de travail virtuels. Des deux, Dell est le plus susceptible de montrer de l'intérêt, HP semble plus effacé mais seulement du fait qu'il est accaparé par son opération de scission. Deux autres acteurs pourraient se montrer intéressés, Microsoft et VMware.
Le CEO débarqué fin juillet
Dans cette opération, c'est le fonds Elliott Management qui mène la danse. Début juin, il révélait détenir 7,1% du capital de Citrix et voulait voir appliquer un plan de valorisation rapide. Selon les différents scénarios envisagés, l'action pourrait progresser entre 41% et 63% d'ici 2017. Elliott voudrait en particulier dynamiser les offres CloudBridge, CloudPlatform et ByteMobile et envisageait la cession de la famille GoTo ou bien de Netscaler. Le fonds souhaitait entamer un dialogue avec la direction. Il avait engagé deux banques et un cabinet de conseil technologique pour l'aider à préciser son plan. Manifestement, cette pression a tourné au conflit. Fin juillet, le CEO de Citrix Mark Templeton était débarqué et Elliott obtenait un poste au conseil d'administration. Aujourd'hui, selon Reuters, c'est l'option d'une vente en bloc qui semble l'emporter.
Elliott s'est récemment intéressé à EMC pour l'inciter à vendre VMware, à Alcatel-Lucent dont les actionnaires seraient mal servis dans le rachat par Nokia. Sa réputation de vautour lui vient de ses débuts, où il rachetait des valeurs délaissées pour les redresser de manière vigoureuse. Elliott sait aussi investir, il vient par exemple de participer, pour un montant resté inconnu, à la levée de fonds de 100 millions d'euros réalisée par Sigfox au mois de février dernier.
En photo : Paul Singer, fondateur et CEO d'Elliott Management, fait pression sur Citrix, EMC, Nokia pour obtenir rapidement de meilleures valorisations