Cette trop claire crypto qui tombe du P2P
Sous le titre accrocheur de « Comment troubler les eaux du débat sur le copyright numérique » (en pleine guéguerre Dadvsi, nous ne pouvions faire l'impasse) voici le projet Monolith, sur SourceForge. Rien de très technique là dedans : il suffit de crypter un fichier -musique, texte, image- avec un autre fichier de taille au moins équivalente. Les gourous de l'électronique période TTL appellent çà un XOR, et çà ne mérite même pas le nom de « code secret ». Tout au plus peut-on y voir une approche du fameux « one time pad », clef de longueur équivalente à celle du texte à crypter. Le résultat d'un tel mélange est un embrouillamini indéchiffrable, puisque chaque bit obtenu est le fruit d'une sommation entre un bit d'information et un autre bit que l'on peut considérer comme quasi aléatoire -ou du moins appartenant à une clef présentant une séquence très longue-. On peut imaginer ainsi crypter la Légende des Siècles (510 992 octets en html) avec le Crésoxypropanidiol (en ampoule) de Ginette Garcin. Ne pourront récupérer l'air piraté du Crésoxypropanidiol que les échangeurs P2P possédant la clef adéquate -la bonne version de la Légende des Siècle en HTML-, et n'espèreront se vautrer dans l'alexandrin hugolien que les membres du Fan Club de Madame Garcin possesseurs du bon échantillon de musique. Air d'époque contre ère épique. D'un point de vue légal, l'échange hors du cadre du « droit du copiste » ne devrait pas, cryptage ou pas cryptage, changer grand-chose aux yeux du législateur américain ou français. Sous un éclairage culturel, en revanche, l'on pourrait imaginer la création d'un mouvement de contre-culture visant à fournir, en guise de clef de décodage, des morceaux d'anthologie que les âpres au gain de l'édition musicale ne se fatiguent plus à éditer... devoir de « mise à disponibilité des esprits » oblige. J'te file « Dans les bras de Jésus » pour récupérer Britney Spears, et « Il a du Bobo Léon » pour pirater Kyo. Hélas, tout ça ne durerait pas très longtemps. A ce rythme, les nostalgiques du régime Chinois et les « artistes rendus exsangues par le piratage » risqueraient de vite se faire oublier : l'élimination par comparaison, c'est plus radical qu'un « stop ou encore » de hit parade.