Bruxelles suspend pour la 2ème fois le rachat de Jazztel par Orange
Pour concurrencer Telefonica le n°1 et son second Vodafone, Orange veut racheter Jazztel en Espagne. Un rachat pour 3,4 milliards d'euros qui permettrait au français de passer devant Vodafone.
Mardi dernier Stéphane Richard se montrait très prudent sur l'affaire Jazztel, laissant entendre à la fois sa confiance sur le rachat de l'opérateur espagnol, mais aussi la lenteur du processus entravé par l'enquête anti-trust de la Commission européenne. Le Pdg d'Orange était visiblement informé d'un nouvel écueil. Jeudi, Bruxelles annonçait d'ailleurs suspendre pour la deuxième fois ce rachat, en relançant son enquête antitrust. La Commission demande, sans le préciser en public, de nouvelles informations. En fait, la Commission a informé les différentes parties le 4 mars dernier de ce nouveau coup d'arrêt, comme l'a révélé une porte-parole du nouveau responsable des affaires antitrust de l'Union Européenne, Margrethe Vestager.
"Des informations manquent dans le dossier, et nous en avons besoin avant de reprendre l'enquête", a déclaré la porte-parole. La Commission Européenne avait déjà suspendu son enquête, pour les mêmes raisons, pendant une semaine au mois de janvier dernier. L'opérateur Orange a simplement assuré qu'il est déterminé à poursuivre ses discussions avec la Commission au cours de la période de suspension. "Orange reste confiant et garantira une issue positive à ce processus, mais ne peut pas en dire davantage à ce stade", a déclaré un porte-parole de la société.
Une Commission plus ouverte à la consolidation
Ce rachat est également surveillé de près par les investisseurs et les analystes télécoms comme un test pour savoir comment Mme Vestager abordera les offres pour la consolidation du secteur des télécommunications en Europe. Les opérateurs européens ont fait pression sur Bruxelles pendant des années pour être en mesure de fusionner, en faisant valoir que de tels mouvements aideraient à stimuler les investissements nécessaires dans leurs réseaux. Ils ont été encouragés dans ce sens par la nouvelle Commission installée à l'automne. Le Pdg d'Orange Stéphane Richard a par exemple déclaré au mois de novembre dernier que la Commission semble être plus ouverte à la consolidation et que l'examen du cas Jazztel serait le premier test pour savoir comment la Commission approche le dossier fusions.
Pour Orange, la conclusion de l'accord est crucial pour le groupe. L'Espagne est le deuxième plus grand marché d'Orange, ce qui représente environ 10% du chiffre d'affaires du groupe. La concurrence a été virulente comme elle l'a été en France, le plus grand marché d'Orange. Mais la Commission a justement exprimé, dès le mois de décembre, sa préoccupation que l'acquisition de Jazztel par Orange mènerait à des prix plus élevés pour les clients espagnols.